Québec solidaire discutera avec la ministre Duranceau de permettre des colocs en HLM


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La recherche de solutions pour soulager la crise du logement amène la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, à accepter l’invitation de Québec solidaire pour discuter de la possibilité de réaménager la réglementation qui gouverne la location de logements en HLM.
«À mon grand bonheur, à mon grand plaisir, la ministre Duranceau a accepté qu'on ait une rencontre de travail assez rapidement», raconte en entrevue le co-porte-parole par intérim de Québec solidaire, Guillaume Cliche-Rivard.
La rencontre, qui aura lieu ce mercredi à l’Assemblée nationale, fait suite à une question du député solidaire de Saint-Henri-Sainte-Anne qui demandait la semaine dernière à la ministre s’il serait possible d’envisager la colocation dans les HLM où une chambre serait disponible, une pratique proscrite par la réglementation actuelle. «Le règlement sur l'attribution des logements à loyer modique mentionne que, dans les logements de plus d'une chambre, ce n'est pas possible de les partager avec quelqu'un qui n'a pas de lien familial avec vous. Par exemple quand, dans une famille, les enfants deviennent majeurs et quittent le milieu familial, souvent ces logements-là se retrouvent avec une chambre libre et ce qui est proposé, c'est que ces chambres-là soient disponibles à la colocation.»
«Quelques centaines de places»
«Avec cette proposition-là, c'est difficile d'estimer combien exactement, mais il y a certainement quelques centaines de personnes au Québec qui pourraient avoir une chambre en HLM et qui, actuellement, n'en ont pas en raison du règlement qui empêche d'offrir la colocation dans le parc HLM dans l'ensemble du Québec.»
Le député est conscient des défis de gestion qu’une telle ouverture de la réglementation entraînerait, notamment dans les cas de dispute. «Évidemment, ça fait partie des choses dont je veux discuter avec la ministre (mercredi). Qu'est-ce qu'on fait par exemple, si un des deux colocs veut quitter parce qu'il y a un désaccord. N'importe qui qui a été en colocation sait que ça peut se passer difficilement et, nécessairement, il va falloir un peu de gestion. Ceci dit, c'est la même chose pour un couple qui peut se séparer.»
«Mais dans l'état actuel de crise du logement, le désavantage qui pourrait être occasionné par un petit peu plus de gestion de terrain versus quelqu'un dans la rue qui se dirige vers un refuge, ça me semble tout à fait proportionnel à l'investissement et à l'énergie qu'on va y accorder», fait-il valoir tout en soulignant que rien n’empêchera de réajuster le tir si ça ne fonctionne pas.
Grands logements: priorité aux familles
La Fédération des locataires de HLM estime qu’environ 10 % des 30 000 logements du parc de HLM sont sous-occupés, donc avec au moins une chambre disponible. Bien que cela laisse miroiter un nombre potentiel de 3000 chambres, il faut tempérer ce chiffre car tous les logements n’ont pas la même valeur sociale. Les Offices municipaux d’habitation ne laisseront pas les logements à trois chambres ou plus, par exemple, devenir des mini-maisons de chambre. «Les grands logements, ils vont continuer de les dédier aux familles parce qu'il y a une liste d'attente assez impressionnante pour les familles qui ont besoin de trois chambres et plus. La liste d'attente pour les familles est déjà assez grande comme ça», reconnaît le député.
Guillaume Cliche-Rivard ne se fait aucune illusion quant à l’impact de cette solution. «Je comprends très bien que ce n'est pas cette mesure à elle seule qui va régler la crise de l’itinérance et du logement, mais au stade où on en est, je pense qu'on ne peut pas se permettre de laisser tomber quelque proposition constructive que ce soit et je salue l'ouverture de la ministre pour qu'on puisse travailler ensemble là-dessus», une approche transpartisane qui a déjà donné ses résultats en matière de logement, rappelle-t-il, en évoquant le travail de ses collègues Christine Labrie et Andrés Fontecilla avec la ministre Duranceau l’an dernier pour la mise sur pied d’un moratoire sur les évictions et d’une bonification des mesures de protection des aînés contre les évictions.
«C'est le même genre de collaboration que j'espère avoir avec la ministre en cette fin de session aussi et j'aimerais qu'on puisse mettre ça en vigueur rapidement pour que ça ait son effet au 1er juillet – c’est quand même dans quelques semaines – pour que des gens qui, malheureusement, se retrouvent à la rue au 1er juillet puissent avoir accès à quelques centaines de places en HLM plutôt que de se destiner dans les différents refuges.»
Le co-porte-parole de Québec solidaire ajoute avoir déjà reçu un accueil favorable de certaines villes avec lesquelles il a discuté de cette possibilité, notamment Sherbrooke, Montréal et Longueuil.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne