Québec lance un site web regroupant des applications validées en santé mentale


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Dans le but de bonifier l'offre de services en santé mentale et de réduire la pression sur le réseau, le ministère de la Santé et des Services sociaux lance jeudi un nouveau site web gouvernemental regroupant une vingtaine d'applications approuvées par des experts.
Il existe sur ce marché plus de 350 000 applications disponibles, mais seulement 2 % reposent sur des données scientifiques et 9 % protègent bien les renseignements personnels, indique le cabinet du ministre responsable des Services sociaux dans un communiqué.
L'objectif du nouveau site AppSantéMentale.ca est d'offrir un répertoire clair et fiable dans le domaine de la santé mentale et du bien-être pour la population, mais aussi pour les professionnels de la santé.
Antoine Beaudoin, travailleur social psychothérapeute dans Chaudière-Appalaches, suggère régulièrement à ses patients certaines applications, mais il n'est pas rare que les patients en utilisent déjà. Ils sont en quête de solution et souvent ils vont naviguer sur internet pour avoir des références, mais la qualité des applications dans le paysage actuel est très variée, prévient M. Beaudoin.
«Il y a des ressources en grande quantité, que ce soit des livres, des vidéos, puis tout ne se vaut pas, bien honnêtement. J'ai vu des gens dont leur état s'est détérioré en arrivant en suivi, en pensant s'aider. C'est un peu comme les boîtes de céréales à l'épicerie, il y en a des tonnes, mais elles n'ont pas toutes la même valeur nutritive», illustre-t-il.
Jennifer Darak est codirectrice du Centre provincial d’expertise en technologie de l’information en santé mentale, dépendance et itinérance (CETI-SMDI), et a mené le projet de création du site web.
Elle s'inquiète aussi de l'océan d'informations qui circulent sur la santé mentale. «Chaque année, il y a des centaines d'applications qui sont développées, qui sont déposées sur les magasins d'applications. Les gens ne savent pas par où commencer, font des demandes à ChatGPT pour avoir de l'information. Ce n'est pas nécessairement la bonne chose qui est véhiculée», souligne-t-elle.
Processus rigoureux
Des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux, des médecins de famille, des experts en innovation numérique ainsi que des proches aidants et des patients-partenaires ont été impliqués dans le processus de sélection des applications.
Les experts ont validé qu'il y avait suffisamment de preuves cliniques et ils se sont aussi attardés sur des éléments de cybersécurité et de confidentialité. Les applications ont été testées par des usagers et elles ont passé des tests de sécurité.
«Il y a une validation clinique associée à ces applications, c'est-à-dire qu'elles sont toutes appuyées cliniquement, puis elles font la promotion d'approches cliniques qui sont validées, mais elles n'ont pas nécessairement reçu l'aval scientifique, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas nécessairement associées à une recherche ou à une publication scientifique», précise Mme Darak.
En un clin d'œil, l'usager peut voir plusieurs aspects reliés à l'application tels que sa facilité d'utilisation, l'appui sur des données probantes et l'endroit où les données sont hébergées.
Le lancement du site web gouvernemental est une façon d'augmenter l'accès aux services en santé mentale, mentionne Mme Darak. «Ces outils sont disponibles 24-7, ils sont réfléchis par et pour les utilisateurs. Ils ont vraiment une rigueur clinique et (...) le fait de les mettre dans une première étape de soins et juste de normaliser leur utilisation, ça peut enlever de la pression sur le réseau, certainement», dit-elle.
Mme Darak nuance toutefois que cela ne remplace pas une consultation avec un professionnel de la santé. Le site web a justement des bandeaux donnant de l'information sur les ressources disponibles pour les personnes qui ont besoin d'aide immédiate.
«C'est mentionné à plusieurs reprises que c'est de l'ordre de l'autogestion et que c'est un accompagnement pour pas que les gens pensent que l'intention serait de remplacer un traitement. Mais par contre, il arrive que des personnes vont dire: ''moi, ç'a fait la différence dans ma vie''. Parce que dans une philosophie des soins par étape, tout ne se passe pas en thérapie ou en psychothérapie. Il y a des intensités de soins, il y a des niveaux de soin», explique M. Beaudoin.
Pour l'instant, les applications — qui sont disponibles en français et en anglais — sont divisées en six catégories: stress et anxiété; émotions et humeur; sommeil; exercice et nutrition; confiance et relations; et consommation. Dans chaque section, il y a au moins une application gratuite ou avec un abonnement limité gratuit.
Éventuellement, d'autres catégories plus pointues devraient s'ajouter, comme le stress post-traumatique, et aussi bonifier le champ de la consommation pour y inclure des drogues récréatives et les enjeux de dépendance aux jeux de hasard.
Le lancement du site web fait partie du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne