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Pêches et Océans avait participé à une mission d'OceanGate, avant le Titan

durée 08h10
8 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — Le ministère fédéral des Pêches et des Océans jette un nouvel éclairage sur sa relation avec OceanGate, l'entreprise américaine à l'origine du sous-marin Titan qui a implosé au sud de Terre-Neuve en 2023, tuant les cinq personnes à bord.

Le ministère a confirmé jeudi qu'à l'été 2021, un membre du personnel est monté à bord d'un navire «associé à OceanGate» pour participer à titre d'observateur à une mission au large de Terre-Neuve.

«L'objectif était d'en apprendre davantage sur OceanGate», a déclaré le ministère dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne.

«À l'issue de la mission, il a été déterminé que les priorités (d'OceanGate) ne correspondaient pas aux objectifs scientifiques du ministère, et aucune autre collaboration n'a été envisagée.»

Aucun autre détail n'a été fourni concernant le voyage.

Interrogé sur les préoccupations de sécurité concernant OceanGate formulées par des employés fédéraux, un porte-parole de Pêches et Océans Canada (MPO) a indiqué que la sécurité des submersibles ne relevait pas du mandat du ministère.

«Le ministère n'a participé ni à l'évaluation des risques ni à la supervision opérationnelle des missions ultérieures», a déclaré le porte-parole dans un courriel.

«Lacunes graves»

Plus tôt cette semaine, la Garde côtière américaine a publié un rapport concluant que la tragédie du 18 juin 2023 aurait pu être évitée si le PDG d'OceanGate, Stockton Rush, avait tenu compte des avertissements de sécurité et des appels à des inspections et à une certification indépendantes du submersible.

M. Rush faisait partie des victimes lorsque le Titan s'est brisé alors qu'il descendait près du Titanic, à environ quatre kilomètres sous la surface de l'Atlantique Nord.

Les procédures de sécurité d'OceanGate, une entreprise privée située dans l'État de Washington, présentaient des «lacunes graves» et des «disparités flagrantes» entre les protocoles de sécurité et les pratiques réelles, selon le rapport de la Garde côtière.

Le document de 300 pages révèle également qu'en mai 2021, le MPO avait écrit une «lettre de soutien» à M. Rush, indiquant que le ministère souhaitait collaborer avec son entreprise pour évaluer ses submersibles à des fins de recherche scientifique.

Seules des parties de la lettre ont été incluses dans le rapport de la Garde côtière.

Le MPO a envoyé une copie de la lettre à La Presse Canadienne mercredi, accompagnée d'une déclaration suggérant que ses discussions initiales avec OceanGate étaient de routine.

«Pêches et Océans Canada (MPO) exprime régulièrement son intérêt pour une collaboration scientifique avec un large éventail de partenaires potentiels», a affirmé un porte-parole, mercredi dans un courriel.

«Début 2021, MPO a eu une série de discussions exploratoires avec OceanGate. La lettre (de mai 2021) a été envoyée pour résumer les discussions qui ont eu lieu et la possibilité pour le ministère de collaborer avec l'entreprise, à compter de 2021, afin de déterminer l'applicabilité de ses systèmes de recherche marine.»

La lettre, datée du 19 mai 2021, indique clairement que les représentants du ministère étaient désireux de travailler avec M. Rush et son équipe.

«La région des Maritimes du MPO se réjouit des discussions avec OceanGate, de l'offre de participation en 2021 et de l'occasion unique offerte aux scientifiques canadiens et aux efforts de conservation.»

La lettre mentionne également un éventuel financement d'Ottawa.

Aucune preuve de collaboration

Le porte-parole du ministère a également confirmé dans le courriel de mercredi qu'il y avait eu des discussions concernant l'embarquement d'un membre du personnel à bord du submersible pour une expédition vers le Titanic, à près de 700 kilomètres au sud de Terre-Neuve. Il a toutefois précisé que cela ne s'était jamais produit.

Le ministère n'a pas expliqué pourquoi la relation avec OceanGate avait finalement été rompue ni mentionné sa collaboration sur un autre navire avant d'être pressé de fournir des détails le lendemain.

Outre la lettre de soutien du MPO de 2021, l'enquête de la Garde côtière américaine n'a révélé aucune preuve de collaboration ou de financement réel.

L'implosion du submersible a également coûté la vie à l'explorateur français Paul-Henri Nargeolet, à l'aventurier britannique Hamish Harding et à deux membres d'une importante famille pakistanaise, Shahzada Dawood et son fils Suleman Dawood.

En juin, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a annoncé que l'organisme indépendant avait terminé son rapport d'enquête, qui était alors en cours d'examen.

Michael MacDonald, La Presse Canadienne