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Ottawa envoie des informations sur la retraite anticipée à 68 000 fonctionnaires

durée 18h22
3 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le gouvernement fédéral est en train d'envoyer des lettres contenant des informations sur son programme de retraite anticipée à près de 70 000 employés, dans le cadre de ses efforts pour réduire la taille de la fonction publique.

Mohammad Kamal, directeur des communications du Bureau du président du Conseil du Trésor, a déclaré que des lettres étaient envoyées à environ 68 000 fonctionnaires susceptibles d'être admissibles au programme.

Ottawa cherche à réduire le nombre d'employés dans la fonction publique d'environ 40 000 par rapport au pic de 368 000 postes atteint en 2023-2024. Environ 10 000 emplois ont été supprimés au cours de l'année dernière.

Le gouvernement tente d'augmenter le taux d'attrition et d'éviter les licenciements de jeunes travailleurs en proposant un programme volontaire permettant aux travailleurs de prendre leur retraite plus tôt sans subir de pénalité au niveau de leur pension.

Une copie numérique de la lettre transmise à La Presse Canadienne indique que les fonctionnaires ne sont pas tenus de prendre une décision pour le moment.

Elle précise également que le programme ne sera accessible qu'à certains employés qui en feront la demande selon les paramètres fixés par le Conseil du Trésor.

«Ces paramètres seront conçus pour maintenir les services essentiels et la continuité des activités. Par conséquent, l'acceptation de la demande de participation d'un employé ne serait pas garantie», peut-on lire dans la lettre.

Dans son budget, le gouvernement a exprimé son intention de mettre en œuvre le programme de retraite anticipée d'un an dès janvier, mais M. Kamal a affirmé qu'une loi est nécessaire pour faire avancer le projet.

La lettre précise que la période de candidature s'étendra sur 120 jours à compter du 15 janvier 2026 ou 120 jours à compter de la date d'entrée en vigueur de la loi, la date la plus tardive étant retenue. Elle indique également que les employés dont la candidature sera acceptée devront prendre leur retraite dans les 300 jours.

La lettre mentionne que de plus amples détails sur les conditions et le calendrier du programme, ainsi que sur la manière dont les employés peuvent manifester leur intérêt, seront communiqués ultérieurement.

M. Kamal n'a pas répondu à la question de savoir si les ministères et organismes gouvernementaux annonceraient des suppressions d'emplois avant que le gouvernement n'évalue l'intérêt des employés pour le programme.

Il a plutôt déclaré que les réductions d'effectifs seraient gérées dans la mesure du possible au moyen de départs naturels et volontaires. Il a également indiqué que les ministères s'efforceraient de réaffecter les employés dans la mesure du possible.

M. Kamal a déclaré que toute personne admissible au programme de retraite anticipée recevra la lettre.

La présidente nationale de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Sharon DeSousa, a affirmé aux journalistes le mois dernier qu'elle ne s'attendait pas à ce que de nombreux membres adhèrent au programme d'incitation à la retraite anticipée en raison de la hausse du coût de la vie.

Mme DeSousa a indiqué que le gouvernement n'avait pas communiqué tous les détails du programme et que le fait de bénéficier de la mesure d'incitation à la retraite anticipée pourrait signifier renoncer à une indemnité forfaitaire calculée en fonction des années de service.

«Il s'agit d'argent réel dû aux travailleurs en vertu de la convention collective, que le gouvernement semble vouloir contourner», a-t-elle déploré.

Mme DeSousa a déclaré que le syndicat soutenait les efforts visant à éviter les licenciements et que l'AFPC exhortait ses membres à examiner leurs options et à discuter avec leurs représentants syndicaux avant de prendre toute décision concernant la retraite anticipée.

Elle a ajouté que tout programme de départ anticipé «doit être négocié avec le syndicat, car personne ne devrait être contraint de renoncer à des droits durement acquis».

«Nous faisons pression sur le gouvernement pour qu'il nous rencontre et nous communique tous les détails afin que nous puissions évaluer correctement ce que cela signifie pour les travailleurs», a affirmé Mme DeSousa.

«Soyons clairs: tout licenciement involontaire relève de notre convention collective, et nous ferons respecter ces protections.»

Le budget indique que le programme de retraite anticipée serait financé par le Régime de retraite de la fonction publique.

«C'est très bien de protéger les emplois des jeunes, mais ce sont eux qui, tout au long de leur carrière, paieront la moitié du coût du programme par leurs cotisations au régime de retraite», a souligné Nathan Prier, président de l'Association canadienne des employés professionnels.

«Dans le même ordre d'idées, le gouvernement utilise l'argent des fonctionnaires comme s'il s'agissait du sien, ce qui s'apparente à du vol.»

M. Prier a déclaré que le syndicat n'était pas opposé à un programme de départ volontaire, mais que des mesures devaient être prises après «une consultation et un processus réfléchi».

Catherine Morrison, La Presse Canadienne