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Mise en garde contre l'hameçonnage par texto alimenté par l'IA

durée 07h59
11 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

Si vous avez l'impression que votre téléphone est inondé de messages texte indésirables ces derniers temps, c'est probablement le cas.

Le Centre antifraude du Canada (CAFC) rapporte que les tentatives d'hameçonnage par texto semblent être en hausse, notamment grâce aux nouvelles technologies qui permettent des attaques groupées coordonnées.

Jeff Horncastle, responsable des communications et de la sensibilisation du CAFC, affirme que l'agence a reçu moins de signalements de fraude au cours des six premiers mois de 2025, mais que cela peut être trompeur, car peu de personnes alertent le CAFC.

Il indique que l'hameçonnage par texto est «très probablement en hausse» grâce aux outils d'intelligence artificielle (IA) capables de créer des messages convaincants ou d'analyser les données issues de failles de sécurité pour découvrir de nouvelles cibles.

Cet avertissement survient alors que le Bureau de la concurrence a récemment diffusé une alerte concernant cette tactique, constatant que de plus en plus de personnes reçoivent des messages texte suspects.

L'hameçonnage par texto consiste en un message texte qui est utilisé pour inciter la cible à cliquer sur un lien et à fournir des renseignements personnels.

La ruse prend de nombreuses formes, mais consiste souvent en un message prétendant provenir d'une organisation ou d'une entreprise réelle, exhortant à agir immédiatement pour résoudre un prétendu problème.

Il peut s'agir d'un colis non livré, d'un compte bancaire suspendu ou d'un remboursement d'impôt.

M. Horncastle explique que ce type d'arnaque diffère des escroqueries plus complexes, comme une invitation par texto à appeler un prétendu recruteur, qui tente ensuite d'obtenir des informations personnelles ou financières par téléphone.

Néanmoins, il précise qu'une arnaque par message texte peut être assez sophistiquée, car les fraudeurs d'aujourd'hui peuvent utiliser l'IA pour analyser les fuites de données à la recherche d'informations personnelles susceptibles de renforcer le canular, ou utiliser des outils d'écriture basés sur l'IA pour rédiger des messages texte convaincants.

«Auparavant, notre message consistait toujours à faire attention aux fautes d'orthographe. Ce n'est plus toujours le cas aujourd'hui», a-t-il indiqué.

«Aujourd'hui, ce message peut provenir d'un autre pays où l'anglais n'est peut-être pas la langue maternelle, mais grâce à la technologie, il peut être moins sujet aux fautes d'orthographe qu'il y a quelques années.»

Des chiffres non représentatifs

Le Bureau de la concurrence met en garde contre le fait de cliquer sur des liens suspects et de transférer des textos au numéro 7726 (SPAM), afin que le fournisseur de services cellulaires puisse mener une enquête plus approfondie. Il encourage également les gens à supprimer les messages d'hameçonnage par texto, à bloquer le numéro et à ignorer les messages, même s'ils demandent de répondre par «STOP» ou «NON».

M. Horncastle précise que le centre a reçu 886 signalements d'hameçonnage par texto au cours des six premiers mois de 2025, jusqu'au 30 juin. Ce chiffre est en baisse par rapport aux 2546 signalements de 2024, contre 3874 en 2023. Il s'agit également d'une baisse par rapport aux 7380 signalements de 2022.

Mais ces chiffres ne reflètent pas tout à fait la réalité, a-t-il soutenu.

«Nous ne recevons qu'un très faible pourcentage des cas réels. En particulier, lorsqu'il s'agit d'hameçonnage ou d'hameçonnage par texto, le taux de signalement est très faible. Nous estimons donc généralement que seuls 5 à 10 % des victimes signalent une fraude au Centre antifraude du Canada.»

Des technologies sophistiquées

M. Horncastle a indiqué qu'il est difficile de déterminer avec certitude l'utilisation des nouvelles technologies, mais il souligne que l'IA est un outil fréquemment utilisé pour toutes sortes de stratagèmes malveillants, comme la manipulation de photos, de vidéos et d'audios.

«Ce phénomène est probablement en augmentation en raison des différents types de technologies à la disposition des fraudeurs», a dit M. Horncastle, à propos des tentatives d'hameçonnage par texto.

«Nous parlons donc souvent de l'IA, car les fraudeurs disposent désormais de cet outil. C'est la réalité, n'est-ce pas? Ils peuvent créer des messages d'hameçonnage et les envoyer en masse de manière automatisée grâce à ces plateformes très sophistiquées.»

La direction des pratiques commerciales trompeuses du Bureau de la concurrence affirme qu'un public informé constitue la meilleure protection contre l'hameçonnage par texto.

«Le Bureau évalue constamment le marché et, grâce à ses capacités de renseignement, il est en mesure de savoir quand les escroqueries se multiplient et ont un impact immédiat sur la société», a dit la commissaire adjointe Josephine Palumbo.

Elle a ajouté qu'il est difficile de traquer les fraudeurs qui utilisent parfois des cartes SIM prépayées pour dissimuler leur identité lorsqu'ils ciblent leurs victimes.

«Comme les cartes SIM ne permettent pas de vérifier l'identité, les organismes d'application de la loi comme le Bureau de la concurrence ont du mal à retrouver ces fraudeurs», a détaillé Mme Palumbo.

Les fraudeurs peuvent également usurper des numéros de téléphone, faisant croire qu'un message texte provient d'une agence légitime comme l'Agence du revenu du Canada (ARC), a indiqué M. Horncastle.

«Ils peuvent choisir un numéro qu'ils souhaitent afficher au hasard ou, s'ils prétendent être une institution financière, ils peuvent faire apparaître le numéro de cette institution financière sur l'afficheur», a-t-il précisé.

«Nous l'avons constaté avec l'ARC et même avec le Centre antifraude du Canada, où des fraudeurs ont fait apparaître nos numéros de téléphone sur l'afficheur des appels des victimes.»

Nicole Thompson et Cassandra Szklarski, La Presse Canadienne