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Mark Carney magasine des sous-marins dans un chantier naval en Corée

durée 05h21
30 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

GEOJE — Le premier ministre Mark Carney a visité un sous-marin sud-coréen aujourd'hui, lors d'une visite aux chantiers navals de Hanwha Ocean, l'une des deux entreprises en lice pour la construction de la prochaine flotte de sous-marins du Canada.

M. Carney était accompagné du ministre de la Défense, David McGuinty, du vice-amiral Angus Topshee, commandant de la Marine royale canadienne, et du premier ministre sud-coréen, Kim Min-seok.

Les représentants de Hanwha ont également présenté leur usine de production, dotée d'un système de soudage automatisé par des robots.

Le Canada prévoit d'acquérir jusqu'à 12 nouveaux sous-marins pour remplacer sa flotte vieillissante de sous-marins de classe Victoria, dans le cadre d'un effort visant à renforcer la présence militaire dans l'Arctique.

Les Sud-Coréens présentent le contrat de sous-marins comme le point de départ d'un partenariat industriel plus vaste entre les deux pays. Des représentants de l'ambassade à Ottawa ont souligné, lors d'un événement la semaine dernière, que la Corée du Sud est désormais le deuxième fournisseur d'équipements militaires des pays de l'OTAN, derrière les États-Unis.

Lors d'une rencontre entre M. Carney et le président sud-coréen Lee Jae-Myung, jeudi matin, ils ont tous deux évoqué l'importance d'approfondir la coopération en matière de défense.

M. Carney avait visité un chantier naval concurrent à Kiel, en Allemagne, le 26 août, jour où il a annoncé les deux entreprises finalistes: Hanwha et l'allemande ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS).

Les quatre sous-marins de classe Victoria de la Marine royale canadienne seront retirés du service d'ici une dizaine d'années, et un seul est actuellement opérationnel, ce qui oblige le gouvernement à choisir rapidement l'entreprise gagnante.

David Perry, président de l'Institut canadien des affaires mondiales, a affirmé que l'acquisition de sous-marins progresse à une vitesse fulgurante comparativement à la plupart des acquisitions de défense, et que la concurrence pour ce contrat lucratif de plusieurs milliards de dollars est féroce.

Un choix important

Le choix du lauréat sera une décision cruciale pour les stratégies industrielles et commerciales du Canada, car les soumissionnaires et leurs pays d'origine rivalisent d'efforts en coulisses pour obtenir des retombées économiques positives pour le Canada.

Selon M. Perry, l'attribution de ce contrat serait «l'une des mesures les plus concrètes que le premier ministre puisse prendre pour concrétiser la diversification commerciale dont il parle depuis longtemps».

«Le gouvernement du Canada peut négocier des accords commerciaux et faciliter l'accès au marché en faisant en sorte que le Service des délégués commerciaux appuie les activités des entreprises, mais il ne commerce pas directement. Le pouvoir de négociation de M. Carney à cet égard est donc limité, a-t-il expliqué. L'achat d'un nouveau sous-marin, en revanche, est un levier qu'il peut actionner lui-même.»

Hanwha a évoqué des investissements dans la production canadienne de batteries lithium-ion, de gaz naturel liquéfié, du domaine de l'aérospatiale, de l'acier et des minéraux critiques. Elle propose la construction de deux installations de maintenance de sous-marins sur les deux côtes.

Hanwha est un conglomérat intégré verticalement qui se présente comme le septième groupe d'entreprises de Corée du Sud et poursuit une stratégie d'expansion mondiale dynamique.

L'entreprise affirme que, si le Canada signe un contrat l'année prochaine, elle pourra tirer parti de l'immense capacité de ses chantiers navals pour devancer les délais de livraison de ses concurrents.

Elle indique pouvoir construire quatre sous-marins KSS-III d'ici 2035, le premier devant être livré en 2032. Après la livraison des quatre premiers, elle affirme pouvoir en livrer un nouveau au Canada chaque année.

L'entreprise prétend que cela permettrait au Canada d'économiser un milliard de dollars en réparations en retirant prématurément les sous-marins de classe Victoria. Hanwha estime le coût des douze sous-marins entre 20 milliards $ et 24 milliards $, sans compter les infrastructures nécessaires à leur maintenance.

Le KSS-III de Hanwha, plus imposant que son concurrent allemand, utilise des batteries lithium-ion et est équipé de tubes de lancement verticaux permettant aux sous-marins de tirer des missiles balistiques vers le haut. La marine coréenne dispose actuellement de ce sous-marin en service, mais il n'a pas encore été exporté.

La Corée du Sud souhaite développer son industrie de défense nationale et s'efforce d'accroître ses exportations et de réduire sa dépendance aux États-Unis. Huitième exportatrice d'armes au monde en 2023, la Corée ambitionne de devenir la quatrième d'ici 2027, selon un document interne du ministère de la Défense nationale.

L'Allemagne et la Norvège ont commandé ensemble une douzaine de sous-marins 212CD de TKMS, un modèle suffisamment récent pour ne pas encore être en service dans une marine.

TKMS affirme pouvoir respecter l'échéance serrée de 2035 fixée par le Canada pour la livraison de son premier sous-marin, mais son calendrier de livraison ne peut rivaliser avec celui proposé par Hanwha.

La semaine dernière, les dirigeants de TKMS et les ministres de la Défense allemand et norvégien se sont rendus à Ottawa pour une opération de charme, en amont du voyage de M. Carney en Corée du Sud. Leur objectif: convaincre le gouvernement canadien de rejoindre un groupe de nations exploitant les mêmes sous-marins, ce qui permettrait la mise en commun des ressources et des pièces détachées.

L’entreprise allemande de défense met également en avant le caractère moins risqué de son projet, soulignant son expérience en tant que l’un des plus anciens constructeurs de sous-marins au monde et sa contribution à hauteur d’environ 70 % à la flotte de sous-marins conventionnels de l’OTAN.

— Avec la collaboration de Kyle Duggan.

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne