Mark Carney exhorté à ne pas retarder son engagement pour la lutte contre le sida


Temps de lecture :
4 minutes
Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Des militants de la lutte contre le sida exhortent Ottawa à renouveler rapidement le soutien du Canada à la lutte contre les maladies infectieuses à l'étranger, avertissant que tout retard entravera davantage les efforts mondiaux de lutte contre les principales maladies.
«Alors que certains pays réduisent actuellement leurs investissements dans la santé mondiale, le Canada peut et doit agir rapidement pour sauver des vies», a indiqué Justin McAuley, directeur de la branche canadienne de la campagne ONE.
Son groupe fait partie des 24 organisations de la société civile canadienne qui ont demandé au gouvernement d'allouer 1,37 milliard $ sur trois ans au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Le Fonds est affilié aux Nations unies et aide les pays en développement à limiter et à traiter les trois maladies évitables, qui comptent parmi les principales causes de décès dans de nombreuses régions.
Le Canada est l'un des principaux donateurs mondiaux du Fonds, qui représente la plus grande part des dépenses mondiales d'Ottawa en santé. Le Canada a versé près de 5 milliards $ au Fonds mondial depuis 2002. Le Fonds estime avoir sauvé 65 millions de vies durant cette période.
Les pays renflouissent le Fonds tous les trois ans, leurs contributions augmentant généralement au fil du temps à mesure que les systèmes de santé renforcent leurs capacités à traiter et à prévenir ces maladies.
À chaque cycle, les groupes de la société civile publient ce qu'ils appellent un indicateur de partage équitable afin de refléter le montant que chaque pays riche peut raisonnablement s'engager à contribuer à l'atteinte des objectifs du Fonds.
Le bureau de Randeep Sarai, secrétaire d'État au Développement international, a transmis les questions concernant la demande de 1,37 milliard $ à Affaires mondiales Canada.
«Le Canada se réjouit de collaborer avec le Fonds mondial pour assurer le succès de la huitième reconstitution des ressources cette année, a écrit le ministère dans un communiqué. Les discussions concernant l'engagement du Canada sont en cours.»
Justin McAuley espère qu'Ottawa annoncera bientôt son engagement, afin de créer une dynamique incitant d'autres pays à suivre son exemple.
«Le Canada a un rôle et un héritage uniques à jouer dans le domaine de la santé mondiale, a-t-il expliqué. Notre élan sera précieux sur la scène internationale, si nous intervenons tôt et n'attendons pas la dernière minute.»
Le Fonds en péril?
Résultats Canada, un autre groupe demandant à Ottawa d'atteindre l'objectif de la société civile, a souligné que le Sommet du G7 organisé par le Canada en Alberta «s'est concentré sur le commerce, les conflits et le climat, mais a négligé deux des outils les plus puissants pour la stabilité mondiale : la santé et l'éducation».
Cela met l'héritage du Fonds mondial «en péril», a affirmé le groupe dans une campagne de courriels. «Alors que les pays réduisent l'aide internationale, des décennies de gains durement acquis sont en jeu.»
L'ONUSIDA a rapporté le 10 juillet que les infections et les décès liés au VIH continuent de baisser, mais que les coupes budgétaires soudaines des États-Unis et d'autres pays «menacent d'annuler des années de progrès dans la riposte au VIH».
Les républicains américains ont récemment annulé leur projet de réduction du PEPFAR, le plus grand programme mondial de lutte contre le VIH, mais Washington est toujours sur le point de réduire sa contribution au Fonds mondial.
Les pays prennent généralement leurs engagements lors d'une conférence organisée, comme lors du dernier cycle, lorsque le premier ministre Justin Trudeau s'est rendu aux Nations unies à New York en 2022.
Il n'y a pas de conférence d'annonces de contributions cette année, bien que M. McAuley s'attende à ce que les dirigeants des grandes économies prennent des engagements avant leur visite en Afrique du Sud pour le Sommet du G20 en novembre.
Il a souligné que la santé mondiale est déjà sous pression en raison des conflits armés, des événements climatiques et de la reprise en cours des systèmes de santé après les coupes budgétaires liées à la pandémie de COVID-19. Les pays riches réduisent leur aide étrangère tout en augmentant leurs dépenses militaires.
Lors des élections du printemps dernier, le premier ministre Mark Carney a promis de ne pas réduire les dépenses d'aide étrangère ni le financement du développement, bien que ce soit avant qu'il ne lance un examen des dépenses publiques et ne s'engage à investir massivement dans le secteur militaire.
Selon M. McAuley, le premier ministre doit respecter les critères définis par la société civile, faute de quoi il serait en décalage avec ses deux prédécesseurs.
«MM. Harper et Trudeau ont tous deux pris leurs responsabilités à maintes reprises et ont fait leur juste part au Canada, a-t-il mentionné. M. Carney va-t-il rompre avec cette tendance et faire marche arrière ?»
Dylan Robertson, La Presse Canadienne