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Mark Carney en visite à Berlin pour renforcer les liens commerciaux et de défense

durée 16h54
25 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney est arrivé en Allemagne tard lundi, cherchant à renforcer les liens commerciaux et de défense avec la première économie européenne.

M. Carney s'efforce de rapprocher davantage le Canada de l'Europe, alors que le président américain, Donald Trump, bouleverse le système commercial mondial avec sa guerre commerciale, et que la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine accroît les risques pour la sécurité mondiale.

L'ancien homme politique allemand Bernd Althusmann a déclaré que le partenariat entre le Canada et l'Allemagne est solide, mais aussi «plus important et précieux que jamais».

«En ces temps incertains, on a besoin d'amis et de partenaires, a-t-il dit. Et cela s'applique, à mon avis, autant au Canada qu'à l'Allemagne.»

M. Althusmann dirige le bureau canadien de la Fondation Konrad Adenauer, un groupe de réflexion financé par les gouvernements fédéral et régionaux allemands afin de promouvoir les relations transatlantiques et les valeurs démocratiques.

Ces idéaux sont menacés par les doutes de Donald Trump quant au soutien américain à l'alliance militaire de l'OTAN et l'imposition de droits de douane sur des pays historiquement proches des États-Unis, dont le Canada.

L'invasion russe de l'Ukraine en 2022 a conduit Berlin à promettre un renforcement militaire que beaucoup d'Allemands croyaient impensable après la catastrophe de la Seconde Guerre mondiale et la fin de la guerre froide.

«La leçon que nous avons apprise en Allemagne est que le monde n'est pas aussi pacifique que chacun d'entre nous l'espérait peut-être», a affirmé M. Althusmann.

Des relations perturbées

Le Canada et l'Allemagne ont été alignés sur plusieurs fronts ces dernières années, notamment le changement climatique et le développement de l'hydrogène, mais quelques difficultés récentes ont perturbé leurs relations.

Au cours de la campagne du printemps, le Canada a été le pays phare de la Foire de Hanovre, le plus grand salon commercial au monde, qui se tient chaque année en Allemagne. Il est de coutume que les pays partenaires annuels envoient des personnalités politiques de haut rang pour inaugurer la foire, comme l'avait fait le président Barack Obama en 2016.

Les médias allemands ont remarqué en avril dernier que le Canada avait envoyé des fonctionnaires de niveau intermédiaire pour inaugurer la foire, sans aucun représentant élu, après des semaines de questions de la presse sur les personnes que le Canada enverrait. L'événement a eu lieu pendant les récentes élections canadiennes, et quelques semaines seulement après l'investiture de Mark Carney comme premier ministre.

Le Canada n'a pas non plus d'ambassadeur à Berlin depuis novembre 2023, date du décès de l'ancien premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan. Ottawa a un chef de mission par intérim depuis près de deux ans, une durée normalement réservée aux pays dont les relations sont tendues.

«Ce n'est pas de la plus haute importance, a assuré Bernd Althusmann. Ce sont des amis et des partenaires très forts, et nous avons une très bonne expérience entre le Canada et l'Allemagne ces dernières années.»

M. Althusmann était ministre d'État au sein de l'Union chrétienne-démocrate de centre-droite, le parti du chancelier allemand, Friedrich Merz, et d'Ursula von der Leyen, avant qu'elle soit élue à la présidence de la Commission européenne.

Il a soutenu connaître «très bien» les deux dirigeants et voit M. Carney s'aligner avec chacun d'eux sur trois thèmes clés: l'énergie, la sécurité et le commerce dans les secteurs de haute technologie.

Dans le domaine de l'énergie, l'Allemagne compte sur le Canada pour l'aider à fournir du carburant abordable, en particulier à son important secteur manufacturier, confronté à des restrictions depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.

La même année, le Canada et l'Allemagne ont signé un accord prévoyant que le Canada exporterait de l'hydrogène vers l'Europe à compter de cette année. Ce plan a rencontré quelques difficultés, notamment des retards dans le démarrage de la production canadienne.

La sécurité dans l'Arctique

En matière de sécurité, l'Allemagne considère l'Arctique comme un terrain de conflit potentiel, malgré les déclarations de Berlin, Ottawa, Moscou et Pékin sur leur volonté de paix dans la région.

«Pour nous, c'est une question de paix et de liberté pour les prochaines années», a confié M. Althusmann.

Des navires allemands effectuent déjà des recherches près du Groenland sur le réchauffement climatique et la biologie marine, a-t-il ajouté. De plus, l'Allemagne collabore avec le Conseil de l'Arctique depuis les années 1990 sur des initiatives telles que le renforcement des relations avec les peuples autochtones.

Les fabricants allemands d'armes et de défense pourraient également collaborer avec des entreprises canadiennes dans le cadre d'un nouveau partenariat avec l'Union européenne (UE). Berlin a proposé à Ottawa de se joindre à un projet avec la Norvège visant à créer des sous-marins pour les forces navales des trois pays.

En matière d'échanges économiques, l'Allemagne soutient depuis longtemps que l'accord commercial de 2017 entre le Canada et l'UE pourrait stimuler la croissance des deux côtés de l'Atlantique. Berlin a pleinement ratifié l'accord commercial et a suggéré à ses homologues de l'UE de suivre son exemple.

En février, l'ambassadeur d'Allemagne a déclaré que ses collègues des autres pays de l'UE s'efforçaient d'identifier les lacunes que les entreprises canadiennes pourraient combler en Europe et vice-versa, afin de compenser les politiques protectionnistes américaines.

«Je vois encore des opportunités inexploitées dans le domaine des technologies vertes et des matières premières essentielles, où les richesses du Canada et les forces d'innovation de l'Allemagne peuvent avoir un effet synergique», a avancé Bernd Althusmann.

L'expertise canadienne, tant privée que publique, en matière de cybersécurité pourrait également contribuer à renforcer la résilience de l'Allemagne, a-t-il ajouté.

Cette visite intervient alors que le Canada continue de présider le G7, après avoir accueilli le sommet des dirigeants en juin en Alberta. Ottawa travaille à l'organisation d'événements ministériels qui permettraient à Ottawa et à Berlin de convaincre leurs homologues américains de changer de cap sur des questions telles que la politique industrielle ou l'aide étrangère.

«Nous avons beaucoup à faire au cours des prochaines années et une telle visite (…) tombe donc à point nommé», a déclaré M. Althusmann.

«Nous avons besoin de ce partenariat solide, à un moment où personne ne sait vraiment ce qui se passera dans les années à venir, surtout aux États-Unis», a-t-il ajouté.

— Avec des informations de Craig Lord

Dylan Robertson, La Presse Canadienne