Marjorie Michel hésite à signer d'autres accords sur l'assurance-médicaments


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — La ministre fédérale de la Santé, Marjorie Michel, ne s'engage pas à signer des ententes de financement du régime d'assurance-médicaments avec toutes les provinces et tous les territoires.
La première phase de la loi sur l'assurance-médicaments, adoptée par les libéraux de Justin Trudeau l'automne dernier, prévoit qu'Ottawa couvrira le coût des contraceptifs et des médicaments contre le diabète pour les patients.
Le gouvernement précédent avait signé des ententes avec l'Île-du-Prince-Édouard, la Colombie-Britannique, le Manitoba et le Yukon à cette fin avant les élections du printemps.
Pendant la campagne électorale, les libéraux avaient promis de protéger le régime d'assurance-médicaments, ainsi que d'autres programmes sociaux.
Lors d'une conférence de presse au Nouveau-Brunswick cette semaine, lorsqu'on lui a demandé pourquoi les négociations n'avançaient pas avec les autres provinces, Mme Michel a répondu qu'il s'agissait d'un nouveau gouvernement dans un nouveau contexte.
Une porte-parole de la ministre a indiqué que le gouvernement protégerait les quatre ententes signées, mais n'a pas précisé si les libéraux prévoyaient d'en signer de nouvelles.
«Notre nouveau gouvernement sera présent pour discuter avec nos partenaires provinciaux et territoriaux de la manière dont nous pouvons les soutenir afin d'améliorer la santé des Canadiens», a mentionné Emilie Gauduchon-Campbell dans un courriel.
La Coalition canadienne de la santé a fait remarquer que 1,5 milliard $ avaient été réservés pour financer les ententes dans le dernier budget fédéral, et que les libéraux s'étaient engagés à maintenir le programme pendant la campagne électorale.
«Je ne pense pas que quiconque ait voté en faveur de coupes dans les soins de santé, y compris l'assurance-médicaments», a affirmé Steven Staples, directeur national des politiques et du plaidoyer de l'organisation.
Le NPD accuse Ottawa d'avoir rompu sa promesse
Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui a milité pour la création du programme d'assurance-médicaments dans le cadre de son accord avec les libéraux de Justin Trudeau l'année dernière, a accusé le gouvernement d'avoir rompu une promesse électorale.
«Nous demandons au (premier ministre) Mark Carney de se remettre immédiatement sur les rails et de respecter la loi que nous avons adoptée lors de la dernière législature», a averti le chef par intérim du NPD, Don Davies, dans un communiqué.
«Nous lui demandons de finaliser les accords d'assurance-médicaments avec toutes les provinces et tous les territoires restants et d'allouer le financement promis par les libéraux afin qu'aucun Canadien n'ait à choisir entre des médicaments vitaux et la nourriture», a-t-il ajouté.
Les commentaires de Mme Michel ont d'abord été rapportés par le Telegraph-Journal, citant une entrevue avec la première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, qui affirmait que son gouvernement n'avait pas eu de nouvelles d'Ottawa depuis les élections.
Les libéraux provinciaux de Mme Holt ont fait campagne l'an dernier en promettant de couvrir le coût des contraceptifs. Le Nouveau-Brunswick n'a pas signé d'accord d'assurance-médicaments.
L'ancien ministre de la Santé, Mark Holland, avait laissé entendre l'hiver dernier qu'il n'aurait pas assez de temps pour négocier les accords avant les élections, dont la plupart des sondages de l'époque prédisaient une victoire facile des conservateurs. M. Holland et le NPD avaient averti que les conservateurs réduiraient le programme.
«Il n'y a pas de place pour la politique là-dedans. C'est juste de la logique. C'est ce que nous devons faire pour ce pays», avait soutenu M. Holland lors de l'annonce du premier accord avec le Manitoba, d'une valeur de 219 millions $, fin février.
Le gouvernement Carney a toutefois prévenu que des réductions budgétaires seraient à venir, car il recentre ses efforts sur l'économie et la défense nationale.
Les premiers ministres présents aux réunions du Conseil de la fédération cette semaine, en Ontario, ont déclaré que les soins de santé étaient une priorité, mais ils n'en ont fait qu'une brève mention dans leur déclaration finale de mercredi. Ils ont indiqué explorer des pistes pour améliorer l'accès aux médicaments, mais n'ont pas mentionné spécifiquement l'assurance-médicaments.
Lors d'une conférence de presse de clôture, le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Rob Lantz, nouveau président du Conseil de la fédération, a évoqué le passé du groupe comme étant «une tribune pour faire pression en faveur d'une augmentation des transferts en santé».
Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a mentionné que le système de santé universel du pays était une source de fierté nationale.
«Si nous voulons affirmer que nous tenons tête à Donald Trump et que nous ne serons jamais le 51e État, assurons-nous que notre système de santé universel est solide et qu'il soutient les Canadiens dans toutes les régions du pays. Je pense que le premier ministre est un bon partenaire pour faire avancer ce projet», a souligné M. Kinew.
Les premiers ministres ont indiqué aux journalistes que le groupe n'avait pas discuté de soins de santé avec M. Carney mardi, lorsqu'il s'est joint à leurs réunions pour discuter de la guerre commerciale avec les États-Unis.
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne