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Les Noirs de Nouvelle-Écosse se retrouvent à Africville, un an après un attentat

durée 16h16
26 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

HALIFAX — La communauté noire de Nouvelle-Écosse a mis en place des mesures de sécurité lors d'une réunion d'anciens résidents d'une communauté historique d'Halifax, un an après un attentat.

La réunion d'Africville en juillet dernier a été marquée par des coups de feu qui ont blessé cinq personnes, mais les organisateurs affirment que la communauté est de retour en force pour célébrer le 42e rassemblement de quatre jours dans le nord de la ville.

Irvine Carvery, président de la Société de généalogie d'Africville, a déclaré samedi en entrevue qu'après les violences, un examen de sécurité avait été réalisé, dont l'un des principaux résultats a été l'amélioration de l'éclairage du lieu historique.

La société a également demandé une présence policière renforcée, mis en place un système d'enregistrement des véhicules entrant et sortant du parc, et a conclu sa soirée musicale avant la tombée de la nuit.

«Nous progressons de manière positive (…) et les gens se remettent de ce qui s'est passé l'année dernière, a assuré M. Carvery. Tout le monde est revenu, et c'est l'essentiel».

Ces retrouvailles sont un événement important pour la communauté afro-néo-écossaise, où des centaines d'anciens résidents et leurs descendants se rassemblent en commémoration de la communauté noire du site qui a été démoli dans les années 1960.

M. Carvery a expliqué que ces retrouvailles, qui se concluent par un service religieux le dimanche après-midi dans une église baptiste historique, permettent notamment de renouer avec un large réseau de familles et d'amis ayant des liens avec Africville.

Mais il souligne également que c'est aussi la façon dont les noirs de Nouvelle-Écosse affirment clairement qu'ils n'oublieront jamais la communauté ni ce qui lui est arrivé.

«C'est la voix de la résistance (…) Elle veut dire: "Nous sommes toujours là, et nous résistons toujours à ce qui est arrivé à Africville"», a-t-il soutenu.

Africville a existé pendant plus de 120 ans en périphérie d'Halifax, et une communauté forte et dynamique s'y est développée, même si la Ville d'Halifax lui refusait des services de base, comme l'assainissement, l'accès à l'eau potable et l'élimination des déchets.

Le maire d'Halifax a présenté des excuses publiques en 2010 pour la destruction d'Africville, et une partie de l'indemnisation a servi à construire une réplique de l'église Seaview, qui abrite aujourd'hui le musée d'Africville.

Le chef de police Don MacLean a indiqué vendredi dans un communiqué de presse que, malgré 100 mandats de perquisition et 200 entrevues avec des personnes, la police d'Halifax n'avait pas encore pu mener d'arrestation en lien avec le drame.

«La fusillade était insensée, tragique et a laissé des traces durables sur des personnes de tous âges, a écrit le chef de police. Malheureusement, chaque élément de preuve et chaque conversation n'ont pas été à la hauteur des besoins pour réussir une arrestation et obtenir une condamnation.»

Le chef MacLean a expliqué être conscient que la peur, la méfiance et le souci de la sécurité personnelle peuvent décourager les gens de se rendre a l'événement, mais il a rappelé que «s'exprimer peut être une façon courageuse de défendre sa communauté.»

Tanya Gray, cousine de Chrishia Carvery, 18 ans, blessée par balle à la colonne vertébrale, a déclaré que la fusillade survenue lors d'un bal en plein air le soir du 27 juillet 2024 avait laissé un traumatisme durable.

Dans une entrevue vendredi, elle a déclaré se sentir obligée de revenir au festival annuel, malgré «d'horribles souvenirs qui persistent».

«Je ne veux pas arrêter d'y aller, car j'y vais depuis mon enfance. C'est là que vivaient ma mère et ses frères et sœurs. Et nous avons toujours été présents pour les retrouvailles», a-t-elle déclaré.

«Si nous laissons le festival s'éteindre (…) si nous faisons cela, alors l'ennemi gagnera.»

Michael Tutton, La Presse Canadienne