Les Mères au front organisent trois manifestations pour interpeller les gouvernements
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Pour la fête des Mères, les membres du collectif Mères au front ne veulent pas de fleurs ni de chocolat, mais plutôt que leurs revendications en matière d’environnement soient entendues.
Elles organisent des rassemblements politiques et artistiques à Saguenay, à Québec et à Montréal ce week-end pour interpeller les différents ordres de gouvernement et sensibiliser la population aux enjeux qui leur tiennent à cœur.
L’une des instigatrices du mouvement, Laure Waridel, explique en entrevue à La Presse Canadienne que l’objectif de ces manifestations est «de rappeler au gouvernement l’urgence climatique afin que les élus prennent véritablement leurs responsabilités et protègent l’environnement, pour le bien de nos enfants».
Ce n’est pas une date choisie au hasard. «Généralement, on écoute les mamans à la fête des Mères. On les félicite et on les remercie pour ce qu’elles font. Ce ne sont pas des remerciements, des fleurs ou du chocolat qu’on veut, mais plutôt du courage politique», ajoute l'écosociologue, qui se dit «préoccupée» pour la santé et la sécurité des enfants si les gouvernements continuent de «ne pas écouter les avis des scientifiques».
«Malheureusement, les élus sont profondément dans le déni. Ils ne sont pas assez ambitieux et ne vont pas assez loin en matière de climat. Ils ne prennent pas les décisions qui s’imposent pour nous permettre de réduire notre empreinte écologique. Il faut s’engager à faire une vraie transition écologique et sociale pour protéger l’avenir de nos enfants. Comme société, on n’a rien de plus précieux que nos enfants. C’est leur santé et leur sécurité qui sont en jeu.»
Dans l’espoir de faire bouger les choses, le mouvement Mères au front convie la population à trois événements distincts. À Québec, un «sit-in» aura lieu jusqu’à 9 heures dimanche matin devant l’Assemblée nationale. Les participantes se relaieront toute la nuit pour se bercer, rappelant ainsi qu’elles veillent au bien-être des enfants. Dimanche, une grande mobilisation est prévue au parc Frédéric-Back à Montréal à compter de midi et au parc de la Rivière-aux-Sables à Saguenay à partir de 13h30.
Mme Waridel souhaite ardemment que ces rassemblements incitent les différents paliers de gouvernement à agir «en mettant en action des solutions concrètes».
«Il est impératif d’augmenter la pression citoyenne. On sait que les gouvernements bougent quand la population l’exige et lui met de la pression. En ce moment, ils ne font clairement pas le nécessaire. On organise ces grands rassemblements pour augmenter la pression sur eux. On connaît les problèmes et les solutions. Ce qu’on veut comme mères, c’est que les gouvernements mettent ces solutions de l’avant dès maintenant, pas dans 10 ans.»
Pas de solution magique
Elle est bien consciente qu’«une seule mobilisation ne changera pas tout», mais souligne qu’une accumulation pourrait mener à «une prise de conscience globale».
«On est confiant que ça aura un impact, mais c’est un ensemble de gestes individuels et collectifs qui font en sorte que la société change.»
Elle rappelle d’ailleurs que «les droits des femmes, les droits civiques, l’abolition de l’esclavage et d’autres avancées collectives ne se sont pas faits juste par un geste, un rassemblement ou une action, mais par un ensemble de mesures prises par plein de gens différents».
À Montréal, plusieurs personnalités publiques, dont Anaïs Barbeau-Lavalette, Salomé Leclerc, Évelyne Brochu, Ève Landry et Isabelle Blais, prendront part à un spectacle tout en mots et en musique, sous la direction artistique de Brigitte Poupart.
Pour clôturer la journée, une envolée de 500 cerfs-volants portant les revendications de Mères au front et les souhaits des enfants est au programme. Dans les semaines à venir, ceux-ci seront remis à des élus «pour leur partager nos inquiétudes et les solutions que nous souhaitons mettre de l’avant», précise Mme Waridel, qui «regrette que les solutions mises de l’avant par les gouvernements soient technologiques, alors que ce sont des changements systémiques beaucoup plus profonds que nous avons besoin.»
«Ça ne se fait pas en appuyant sur un bouton magique technologique, ça demande beaucoup plus que ça. Il faut se questionner plus globalement sur une plus grande sobriété énergétique et matérielle», poursuit-elle.
Sébastien Auger, La Presse Canadienne