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Les Canadiens, indignés par la situation à Gaza, appuient moins Israël

durée 16h58
7 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Un nouveau sondage laisse entendre qu’Israël est en train de perdre la bataille pour le soutien des Canadiens. De plus en plus de Canadiens déclarent désormais sympathiser avec les Palestiniens en raison de leur indignation morale devant la guerre à Gaza.

Un autre sondage indique qu’une légère majorité de jeunes Canadiens se disent désormais optimistes quant aux perspectives de paix au Moyen-Orient, alors que l’opinion publique retrouve le pessimisme observé depuis des décennies.

«Les actions du gouvernement israélien actuel suscitent une profonde déception», a déclaré Adam Chapnick, professeur au Collège militaire royal du Canada. Cela ne signifie nécessairement pas que [le regard des Canadiens] deviendra moins sympathique à long terme à l’égard d’Israël dans son ensemble.»

L’Institut Angus Reid a mené un sondage en ligne la semaine dernière auprès d’un échantillon démographiquement pondéré de 1522 adultes canadiens. Comme le sondage a été réalisé en ligne, aucune marge d’erreur ne peut lui être attribuée.

Parmi les Canadiens interrogés, 37 % ont déclaré sympathiser avec les Palestiniens, seuls 19 % ont dit la même chose à propos des Israéliens et 27 % ont déclaré soutenir les deux groupes de manière égale.

Lorsqu'Angus Reid a posé la même question en mai 2024, 28 % ont déclaré ressentir davantage de sympathie pour les Palestiniens, 25 % pour les Israéliens et 27 % ont dit soutenir les deux groupes de manière égale.

Lorsque le sondeur a posé cette question en novembre 2023, peu après l'attaque du Hamas contre Israël, seulement 18 % des Canadiens se sont dits enclins à sympathiser avec les Palestiniens, tandis que les Israéliens ont reçu un soutien de 28 %.

Une réponse excessive

Le nouveau sondage suggère qu'environ 62 % des Canadiens considèrent les actions militaires d'Israël depuis mars de cette année comme «excessives», tandis qu'un peu plus de la moitié des Canadiens croient qu'Israël commet un génocide à Gaza. «Au Canada, la perception d'un génocide a considérablement augmenté, passant de 41 % en février 2024 à 52 % aujourd'hui», rapporte Angus Reid dans un sondage publié jeudi matin.

Au moins les deux tiers des personnes déclarant voter pour les libéraux, le Nouveau Parti démocratique ou le Bloc québécois ont indiqué à Angus Reid croire qu'un génocide est en cours à Gaza, tandis qu'un peu plus de la moitié des partisans conservateurs étaient en désaccord avec cette affirmation.

Environ 64 % des Canadiens ont déclaré au sondeur que ce qui se passe à Gaza est «un scandale moral», un chiffre qui atteint 70 % chez les femmes de 55 ans et plus. A contrario, 18 % des répondants estiment que la situation humanitaire à Gaza est «exagérée» dans les médias, tandis qu'un nombre tout aussi élevé se disent incertains.

Angus Reid rapporte que 61 % des Canadiens estiment désormais qu'Israël «entrave intentionnellement la distribution d'aide et de nourriture aux civils de Gaza», tandis que 46 % affirment que «le Hamas vole de la nourriture et de l'aide qui devraient aller aux civils».

Parmi les personnes interrogées récemment par Angus Reid, 74 % ont déclaré soutenir le droit d'Israël à exister et 63 % ont indiqué que la paix n'était pas possible en Israël tant que le Hamas est toujours actif à Gaza.

«Les Canadiens ne sont pas si loin de leur position traditionnelle», a commenté M. Chapnick, qui a étudié l'évolution de la politique étrangère du Canada au fil des décennies. «Ce qu'ils disent, c'est qu'il faut s'occuper du Hamas. Ils ne sont pas particulièrement satisfaits de la façon dont le gouvernement israélien a traité le Hamas. Les Canadiens semblent donc plus déçus par le processus que par l'idée.»

De plus, 61 % des répondants au récent sondage Angus Reid affirment soutenir l'engagement du premier ministre Mark Carney à reconnaître un État palestinien, et 62 % estiment que le Canada ne devrait pas reculer sur cette position sous la pression de l'administration Trump.

De plus, 54 % des personnes interrogées estiment qu'Ottawa devrait en faire davantage pour s'assurer de ne pas autoriser les exportations d'armes létales vers Israël.

Le professeur Chapnick a soutenu que ces chiffres reflètent étroitement les choix politiques de M. Carney.

«Le premier ministre et le public sont presque sur la même longueur d'onde, et c'est la question de savoir qui est arrivé en premier», a-t-il dit.

Peu d'espoirs de paix

Un autre sondage indique que la confiance déclarée des Canadiens dans les perspectives de paix au Moyen-Orient a retrouvé des niveaux historiques après les attentats d'octobre 2023, la plupart d'entre eux exprimant désormais un pessimisme.

Ce sondage, mené par Léger Marketing pour l'Association d'études canadiennes entre le 20 et le 22 juin auprès de 1579 Canadiens, suggère que 38 % des Canadiens estiment qu'une «paix durable entre Israéliens et Palestiniens peut être atteinte dans le futur», tandis que 62 % ne le croient pas.

Les chiffres Léger de fin juin montrent un changement depuis janvier 2024, lorsque 29 % des Canadiens déclaraient penser que la paix était possible et 60 % étaient en désaccord. Un sondage réalisé en octobre 2023, alors que l'attaque du Hamas était encore très présente à l'esprit des Canadiens, a révélé que seuls 19 % pensaient alors que la paix était possible et 51 % étaient en désaccord.

Les jeunes Canadiens sont plus optimistes. Le sondage de fin juin suggère que 53 % des Canadiens âgés de 18 à 24 ans croient que la paix est possible.

Léger prévient que les chiffres étaient plus ambivalents deux semaines auparavant, lorsque la société de sondage avait sondé 1511 Canadiens du 6 au 8 juin et avait donné aux répondants la possibilité de dire qu'ils n'étaient pas sûrs ou ne voulaient pas répondre.

Dans ce sondage, seuls 28 % des Canadiens se disaient optimistes quant à la paix, tandis que 31 % disaient ne pas vouloir répondre ou n'étaient pas sûrs.

Parmi les 18 à 24 ans, 32 % avaient choisi de ne pas répondre à la question et 40 % avaient affirmé que la paix était possible.

L'organisme professionnel de l'industrie des sondages, le Conseil canadien de recherche et d'intelligence marketing, indique qu'il est impossible d'attribuer une marge d'erreur aux sondages en ligne, car ils ne procèdent pas à un échantillonnage aléatoire de la population.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne