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Les Albertains se mobilisent pour la séparation

durée 20h44
3 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

EDMONTON — Katheryn Speck a raconté qu'elle était autrefois une nationaliste canadienne, qu'elle avait voyagé à travers le monde avec une feuille d'érable sur son sac à dos et qu'elle avait vécu au Québec pour devenir parfaitement bilingue.

Samedi, elle faisait partie des centaines de personnes qui se sont rassemblées devant l'Assemblée législative de l'Alberta pour soutenir la séparation du Canada. Plusieurs personnes ont brandi des drapeaux albertains et quelques-unes ont même arboré le drapeau américain.

«Je pensais que c'était un pays magnifique et fantastique. Mais maintenant, je suis tellement déçue. Je suis littéralement anéantie à l'idée que nous ne serons jamais représentés dans ce pays et qu'il n'y ait aucune chance de changer de gouvernement», a expliqué Mme Speck.

Plus tôt cette semaine, le gouvernement de la première ministre Danielle Smith a proposé un projet de loi visant à abaisser les critères pour la tenue d'un référendum. Bien que Mme Smith ait déclaré aux journalistes qu'elle ne présumerait pas des questions que les Albertains pourraient soumettre au scrutin, cette mesure permettrait aux citoyens de demander plus facilement un vote pour la sécession du Canada.

La victoire électorale des libéraux fédéraux lundi a également incité certains habitants de la province à exiger une sortie.

Mme Speck a expliqué que la Politique énergétique nationale des années 1980 avait érodé sa fierté canadienne. Aujourd'hui, après une décennie de politiques libérales qui, selon elle, ont bloqué les pipelines et entravé le secteur énergétique de la province, elle pense qu'il n'y a pas de solution sous la Confédération.

«Une fois les votes comptés en Ontario, l'élection est terminée. Nous ne comptons plus. Nous n'avons jamais compté», a-t-elle expliqué.

Hannah Henze, une jeune fille de 17 ans présente au rassemblement de samedi, a expliqué qu'elle aurait peut-être eu une opinion différente de la séparation si les conservateurs avaient gagné.

«Si (Pierre) Poilievre était au pouvoir, je pense que nous aurions beaucoup plus d'espoir qu'un troisième ou un quatrième mandat libéral, qui ne ferait que ruiner notre pays», a expliqué Hannah Henze.

Leo Jensen, quant à lui, a indiqué que les Canadiens craignent de perdre des emplois dans le secteur automobile en raison des droits de douane du président américain Donald Trump, mais qu'ils ne semblent pas préoccupés par la protection des emplois dans le secteur pétrolier et gazier de l'Alberta.

«Je ne vois pas comment une province comme le Québec peut s'approprier tout notre argent sale, mais elle ne laissera pas un pipeline sale traverser le Québec pour financer une raffinerie de pétrole au Nouveau-Brunswick», a expliqué M. Jensen.

Quelques dizaines de contre-manifestants ont tenté de perturber le rassemblement, plusieurs brandissant des pancartes affirmant que la séparation violerait les traités avec les Premières Nations.

Le chef de la nation Piikani, Troy Knowlton, a déclaré dans une lettre plus tôt cette semaine qu'il était compréhensible que de nombreux habitants de l'Ouest soient frustrés que leur rejet du Parti libéral fédéral lors des élections n'ait pas eu de répercussions ailleurs. Il a toutefois affirmé que l'Alberta n'avait pas le pouvoir d'interférer avec les traités ou de les nier.

Lors de son émission de radio provinciale téléphonique samedi, la première ministre a affirmé qu'elle respectait pleinement les droits issus de traités.

«Tout ce que je fais change la relation de l'Alberta avec Ottawa. Les Premières Nations ont leur propre relation avec Ottawa, et c'est inscrit dans les traités. Cela ne change pas», a soutenu Mme Smith. En mars, elle a menacé de provoquer une «crise d'unité nationale» si le prochain premier ministre n'acquiesçait pas à une liste de ses exigences d'ici six mois, mais a réitéré cette semaine son soutien à une Alberta souveraine au sein d'un Canada uni.

Susan Westernaier, participante au rassemblement, a affirmé croire que tout irait mieux si l'Alberta se séparait.

«Nous avons le pétrole, nous avons les ressources. Tout va bien», a-t-elle dit, soulignant qu'elle estimait que l'élection de lundi était truquée.

Rob Drinkwater, La Presse Canadienne