Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le réchauffement climatique empire la gravité de l'eczéma, mais il y a espoir

durée 11h53
17 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le réchauffement climatique et la mauvaise qualité de l'air risquent d'augmenter la gravité de l'affection cutanée des personnes qui souffrent d’eczéma, indique une récente étude publiée dans la revue médicale Jama Dermatology. Les traitements actuels sont toutefois très efficaces pour soulager les crises d’eczéma, souligne une dermatologue.

Les auteurs ont analysé 42 études de 14 pays et ont conclu que la pollution de l'air est liée à une aggravation de l'eczéma. Ils ont observé une hausse des visites aux urgences et en consultation externe pour la dermatite atopique (un type d'eczéma) pour chaque augmentation de 10 microgrammes par mètre cube de divers polluants dans l'air.

De plus, les températures extrêmes — qu'elles soient chaudes ou froides — et l'augmentation de la pluie et de l'humidité sont susceptibles d'empirer l'affection cutanée.

L'eczéma est une affection inflammatoire chronique de la peau, caractérisée par des zones de peau sèche, rouge et qui démange intensément, selon la définition de la Société canadienne de l'eczéma.

Les personnes qui souffrent d'eczéma atopique ont des périodes de «poussées», avec des zones rougeâtres et parfois surélevées suivies de périodes de rémission. «Ces poussées sont souvent causées par des facteurs environnementaux, mais ça peut être aussi causé par d'autres facteurs, le stress par exemple, ou des fois il y a des poussées sans qu'on trouve vraiment pourquoi il y a une poussée», explique la dermatologue Danielle Brassard.

L'eczéma atopique est une maladie où il y a une grande interaction avec l'environnement, souligne la spécialiste. «Ça fait longtemps que c'est connu que la dermatite atopique est exacerbée par les changements de température et la pollution, mais cet article met encore plus ça en lumière», dit-elle.

Dans le contexte du changement climatique, la mauvaise qualité de l’air ainsi que les températures extrêmes sont appelées à être plus fréquentes au Québec comme ailleurs.

Les résultats de l’étude suggèrent qu’il est nécessaire de trouver des solutions pour réduire la pollution et les facteurs associés aux conditions météorologiques extrêmes en raison de leurs effets nocifs sur la santé et du fardeau mondial de la dermatite atopique.

Des médicaments révolutionnaires pour les patients

Il n'y a pas de remède contre l'eczéma, mais il existe depuis quelques années des médicaments qui ont révolutionné la vie des patients, affirme Dre Brassard. Elle parle notamment du dupilumab, commercialisé sous le nom de Dupixent. «L'espoir, c'est qu'on a des traitements pour la dermatite atopique maintenant qui sont tellement plus évolués qu'avant. [...] Les nouvelles thérapies permettent d'avoir un contrôle de la maladie qui est assez exceptionnel», assure la docteure.

Dans sa pratique, elle fait plus de 500 traitements par semaine de photothérapie, dont environ le tiers sont pour la dermatite atopique. La plupart des patients vont venir faire une série de traitements de photothérapie de façon ponctuelle, quand leur condition est la pire. Pour certains, ça peut être lors des grands froids de l'hiver, pour d'autres, ce sera plutôt l'été.

Dre Brassard est dermatologue depuis 12 ans et a remarqué une nette différence avant et après l’introduction des nouvelles molécules qui ont rendu possibles des médicaments plus efficaces.

Elle estime qu'il y a probablement beaucoup de patients qui ont une dermatite atopique sévère et qui se sont fait dire par les dermatologues ou par leurs médecins dans le passé qu'il n'y avait pas grand-chose à faire, alors ils endurent leur problème.

Dre Brassard reconnaît qu'il y a quelques années à peine, les médecins étaient limités pour soulager les patients. «On mettait des crèmes de cortisone qui ne marchaient pas très bien, on leur donnait des médicaments qui avaient quand même beaucoup d'effets secondaires et qui n'avaient pas de grands résultats, raconte-t-elle. Mais maintenant, c'est différent. Il faut que les gens le sachent.»

La dermatologue veut lancer un message d'espoir aux patients que c'est possible de retrouver une belle qualité de vie, malgré cette condition qui peut être très invalidante. Elle encourage les gens qui souffrent d'eczéma et qui sont sans traitement à consulter un médecin ou un dermatologue.

Le contenu en santé de La Presse canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne