Le gouvernement fédéral reste muet sur le remplacement de ses ambassadeurs spéciaux


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le gouvernement Carney ne dit pas s'il continuera de nommer des ambassadeurs sur les thèmes défendus par le cabinet Trudeau, maintenant que les mandats des envoyés d'Ottawa pour le climat et les femmes et la sécurité arrivent à échéance.
Mais un éminent observateur du service extérieur affirme qu'il est probable qu'Ottawa pourvoie ces postes d'ici l'automne.
Catherine Stewart, ambassadrice du Canada pour les changements climatiques, a quitté son poste en mars. Son mandat devait expirer à la fin du mois de juillet.
En mars également, et quelques jours seulement après l'entrée en fonction du premier ministre Mark Carney, le mandat de Jacqueline O'Neill comme ambassadrice du Canada pour les femmes, la paix et la sécurité a pris fin comme prévu.
Les deux postes ont été créés pour promouvoir les valeurs canadiennes à l'étranger.
Le gouvernement fédéral a également annoncé en décembre la création d'un poste d'ambassadeur pour l'Arctique. Le gouvernement n'a pas précisé quand ce poste pourrait être pourvu.
Les groupes LGBTQ+ canadiens réclament depuis des années qu'Ottawa nomme un ambassadeur spécial pour les droits LGBTQ+, semblable à celui de la France et des États-Unis sous l'administration Biden.
Le bureau de Mark Carney n'a pas répondu lorsqu'on lui a demandé s'il nommerait un envoyé LGBTQ+, maintiendrait les postes expirés ou nommerait un ambassadeur pour l'Arctique.
Les questions sur les envoyés surviennent alors que le gouvernement demande à Affaires mondiales Canada de réaliser des économies de 7,5 % à compter du printemps prochain, parallèlement aux efforts du gouvernement pour respecter la hausse de ses objectifs de dépenses en matière de défense.
Affaires mondiales Canada a indiqué qu'il appartenait au conseil des ministres de décider si Ottawa doit nommer une envoyée pour les femmes, la paix et la sécurité, ou FPS.
La porte-parole du ministère, Brittany Fletcher, a déclaré que le Plan d'action national pour les femmes, la paix et la sécurité «continue d'être coordonné par Affaires mondiales Canada et est soutenu par neuf autres ministères et organismes fédéraux partenaires».
La diplomatie FPS reconnaît l'impact disproportionné de la guerre sur les femmes et les filles et promeut leur leadership dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits. Le Canada est un fervent défenseur des femmes, de la paix et de la sécurité depuis le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Le Canada a nommé une ambassadrice FPS en 2019, en s'appuyant sur un cadre stratégique soulignant qu'Ottawa s'était forgé une réputation de leadership dans ce domaine, tout en reconnaissant que le concept avait fait l'objet d'une forte réaction négative à l'étranger.
«Certains champions de longue date des femmes, de la paix et de la sécurité voient leur soutien s'effriter, alors que leurs opposants en profitent pour exploiter leur désunion», peut-on lire dans le cadre stratégique.
Katrina Leclerc, présidente du Réseau Femmes, Paix et Sécurité-Canada, a confié qu'il était «profondément préoccupant» que le poste d'ambassadrice soit vacant depuis quatre mois.
Mme Leclerc a rappelé à La Presse Canadienne qu'il était important d'avoir une personne-ressource pour coordonner le travail de la société civile, des ministères et des collègues internationaux.
«Bien qu'une politique ou un plan d'action national soit important, sans un leadership institutionnel comme celui de l'ambassadrice, sa mise en œuvre risque d'être fragmentée ou dépriorisée, a-t-elle écrit dans un courriel. Il ne s'agit pas d'un simple rôle symbolique: il fournit la structure et la stratégie nécessaires pour intégrer les priorités FPS dans les portefeuilles canadiens de la diplomatie, du développement et de la défense.»
Elle a souligné que le premier ministre Carney avait initialement supprimé un poste ministériel consacré à l'égalité des genres, avant de le rétablir en réponse aux critiques du public.
«À l'heure où nous assistons à un recul démocratique, à des conflits et à des violences sexistes à l'échelle mondiale, l'absence d'ambassadrice FPS au Canada risque de signaler un recul par rapport à ses engagements féministes», a-t-elle prévenu.
Peut-être à l'automne
De son côté, Environnement Canada a déclaré qu'il appartenait au conseil des ministres de décider de nommer ou non une nouvelle ambassadrice pour les changements climatiques, sur avis des ministres des Affaires étrangères et de l'Environnement.
Colin Robertson, ancien diplomate canadien et vice-président de l'Institut canadien des affaires mondiales, a dit s'attendre à ce que les différentes nominations soient effectuées cet automne.
«Nous n'avons pas vraiment besoin de procéder à ces nominations avant septembre, a expliqué M. Robertson. Je ne tirerais aucun enseignement du fait que ces postes soient devenus caducs.»
Selon M. Robertson, Mark Carney s'intéresse vivement à la politique étrangère et recherche probablement de bons ambassadeurs, y compris des personnes extérieures au service extérieur.
Le premier ministre recherche probablement des envoyés dotés du savoir-faire politique nécessaire pour gérer des relations délicates avec les États-Unis tout en faisant valoir les intérêts particuliers du Canada, a soutenu M. Robertson.
«Il a probablement plusieurs listes devant lui et il les étudie, a-t-il dit. Il agit rapidement, mais il est aussi attentif.»
Le gouvernement fédéral a annoncé son intention de nommer un nouvel envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme. Deborah Lyons a pris sa retraite trois mois avant la fin prévue de son mandat.
La porte-parole du ministère du Patrimoine canadien, Ines Akué, a déclaré qu'«un nouvel envoyé spécial sera nommé en temps opportun».
Dylan Robertson, La Presse Canadienne