Le dédain de Trump pour l'énergie éolienne pourrait bénéficier à la Nouvelle-Écosse


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Par La Presse Canadienne, 2024
HALIFAX — L'opposition du président américain Donald Trump aux énergies renouvelables pourrait créer une «occasion en or» pour le secteur florissant de l'énergie éolienne en mer en Nouvelle-Écosse, selon un cabinet de conseil international de premier plan.
Aegir Insights, une entreprise située au Danemark, a récemment présenté un webinaire examinant le plan décennal du premier ministre néo-écossais Tim Houston visant à obtenir des licences pour suffisamment d'éoliennes en mer afin de produire 40 gigawatts (GW) d'électricité.
Bien que la province n'ait besoin que de 2,4 GW, le plan Wind West de M. Houston prévoit la vente d'électricité excédentaire au reste du Canada et, potentiellement, aux États-Unis.
Les experts estiment qu'un tel projet nécessiterait la construction d'environ 4000 éoliennes en mer qui produiraient autant d'électricité que les éoliennes en mer chinoises l'an dernier.
Scott Urquhart, cofondateur et président-directeur général d'Aegir Insights, a déclaré que Wind West avait attiré l'attention de l'industrie mondiale de l'éolien en mer.
«L'objectif est de faire connaître la Nouvelle-Écosse aux grands investisseurs internationaux, a indiqué M. Urquhart mardi, lors d'une entrevue à Copenhague. Si les grands acteurs ne voient qu'une ambition d'un gigawatt, ils ne se présenteront pas.»
Lors du webinaire de la semaine dernière, qui a attiré une centaine de développeurs de projets, d'investisseurs et de représentants gouvernementaux, M. Urquhart a décrit Wind West comme un projet «grand et ambitieux», tout en précisant qu'il s'appuie sur des «fondamentaux de marché et une économie rationnels».
Fondé en 2020, Aegir Insights se présente comme un fournisseur de renseignements proposant des analyses et des modèles aux investisseurs dans le secteur de l'éolien en mer. Sa base de données de projets couvre 60 marchés. Bien qu'il soit situé à Copenhague, M. Urquhart s'intéresse vivement à Wind West, ayant grandi au Cap-Breton.
Il a expliqué lors du webinaire que le secteur de l'éolien en mer a été pénalisé par la hausse des coûts et les problèmes de chaîne d'approvisionnement ces dernières années, mais qu'il semble prêt à se redresser grâce à la baisse des taux d'intérêt et à l'intensification de la concurrence dans la chaîne d'approvisionnement.
Signe Sorensen, responsable régionale d'Aegir pour les Amériques, a indiqué que ces tendances encourageantes ont été éclipsées aux États-Unis par la décision du président Trump de suspendre les projets en mer déjà autorisés.
«Alors même que le secteur mondial semble sur la voie de la reprise, les États-Unis sont sur une voie complètement différente, a dit Mme Sorensen, lors du webinaire. Et cela est très important pour le Canada. Les difficultés d'un État peuvent être une opportunité pour un autre.»
En janvier, M. Trump a annoncé qu'il suspendrait les baux pour les projets éoliens tout en accélérant les plans d'augmentation de la production pétrolière et gazière. Cette décision a entraîné des licenciements et un blocage de la construction d'éoliennes, qui représentent 10 % de la production d'électricité américaine – la plus grande source d'énergie renouvelable.
Plus tôt ce mois-ci, M. Trump a réitéré son opposition à l'énergie éolienne.
«Les éoliennes sont en train de tuer notre pays, a-t-il soutenu le 12 juin. Les champs en sont jonchés – des déchets… C’est la plus grande arnaque de l’histoire, l’énergie la plus chère qu’on puisse acheter.»
Mme Sorensen a indiqué que les États de la Nouvelle-Angleterre et de New York étaient à la pointe du développement du secteur éolien en mer aux États-Unis, mais que l’opposition de M. Trump pourrait paralyser le secteur pendant les quatre prochaines années.
«Ils doivent trouver des sources renouvelables pour fournir cette énergie, a-t-elle affirmé. C’est là que l’éolien canadien à grande échelle pourrait entrer en jeu, en particulier Wind West… C’est une occasion en or pour le Canada.»
M. Urquhart a acquiescé.
«Aux États-Unis, le secteur éolien en mer vient de se vider de sa substance et de nombreux acteurs de la chaîne d’approvisionnement et développeurs se contentent de dire : “Oh non”», a-t-il déclaré en entrevue.
«C'est le moment de présenter vos idées visionnaires. Si vous attendez, vous raterez une occasion en or», a ajouté M. Urquhart.
Lors de sa présentation en ligne, M. Urquhart a montré une carte de points chauds à code de couleurs mettant en évidence les zones au large de la Nouvelle-Écosse où le développement de l'éolien en mer serait réalisable.
«De vastes zones pourraient produire des dizaines de gigawatts d'énergie éolienne en mer», a-t-il dit, en désignant les bancs tentaculaires et peu profonds autour de l'île de Sable et une longue étendue plus près de la côte sud de la Nouvelle-Écosse.
Mme Sorensen a également présenté des graphiques montrant que les États de la Nouvelle-Angleterre et de New York sont prêts à payer le prix fort pour l'énergie éolienne en mer.
«La Nouvelle-Écosse pourrait être compétitive en termes de prix», a-t-elle précisé.
Michael MacDonald, La Presse Canadienne