Le Bureau veut autoriser la propriété étrangère à 100 % dans le transport intérieur


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Par La Presse Canadienne, 2024
Le Canada devrait autoriser la propriété étrangère à 100 % de compagnies aériennes exerçant exclusivement sur le marché intérieur, affirme le Bureau de la concurrence dans un nouveau rapport soulignant la forte concentration de l'industrie aéronautique canadienne.
Dans une étude de marché publiée jeudi, l'organisme de surveillance a suggéré de créer une nouvelle catégorie de compagnies aériennes opérant uniquement au Canada, mais pouvant avoir des propriétaires étrangers, ouvrant ainsi la voie à une expertise mondiale et à des capitaux.
Le plafond actuel de propriété étrangère est de 49 %. De plus, un transporteur ne peut appartenir à plus de 25 % à une même entité étrangère, une proportion que le Bureau de la concurrence a proposé de porter à près de la moitié.
Le rapport soutient que de «permettre davantage d’investissements étrangers dans les compagnies aériennes canadiennes améliore l’accès aux capitaux, stimule la croissance et favorise la concurrence».
La faible concurrence dans le secteur du transport aérien demeure un obstacle majeur à la baisse des prix et à l'amélioration des services partout au pays, et particulièrement dans les collectivités éloignées, selon le Bureau de la concurrence.
«La concurrence dans le secteur du transport aérien au Canada a du mal à décoller», soutient le rapport, soulignant l'insatisfaction des consommateurs à l'égard des prix, des options de vol et de la qualité du service. Selon l'étude, Air Canada et WestJet représentent ensemble entre la moitié et les trois quarts de tous les passagers intérieurs dans les principaux aéroports.
Bien que la concurrence se soit améliorée entre 2019 et 2023 avec l'arrivée de Flair Airlines et l'expansion de Porter Airlines, la concentration du marché demeure «extrêmement élevée» et la concurrence des nouveaux entrants fragile, a indiqué le Bureau, le secteur étant dominé par quelques grandes compagnies aériennes.
«De nombreuses personnes canadiennes qui voyagent rapportent que les vols internationaux sont souvent moins chers que les vols à l’intérieur du Canada», a-t-il noté.
Les dispositions d'exclusivité de Montréal-Trudeau
Le rapport recommande un ensemble de réformes, notamment d'élargir l'accès au marché pour les nouveaux entrants en permettant aux aéroports secondaires de concurrencer les grandes plaques tournantes.
Actuellement, les clauses d'exclusivité des vols signifient souvent qu'un seul aéroport local peut accueillir des vols internationaux.
Le rapport souligne que l'Aéroport métropolitain de Montréal –anciennement Saint-Hubert – situé à Longueuil prévoit d’étendre ses services réguliers de transport de passagers en 2025, mais qu'il n'est pas autorisé à proposer des vols internationaux.
Le Bureau note aussi l'interconnexion des vols pour les destinations nationales, transfrontalières et internationales des transporteurs canadiens.
«Les compagnies aériennes offrant des vols à partir de l’aéroport métropolitain de Montréal devront malgré tout utiliser Montréal-Trudeau pour les vols internationaux. Cela entraînerait des coûts supplémentaires et limiterait les possibilités de correspondances. Cela peut décourager les compagnies aériennes d’utiliser l’aéroport métropolitain de Montréal», peut-on lire dans le rapport.
Parmi ses réformes, le Bureau suggère aussi de retirer aux passagers le fardeau financier de l'entretien des aéroports, ce qui réduirait le prix des billets et permettrait à davantage de consommateurs de réserver des vols auprès de compagnies aériennes à bas prix.
«Les nouveaux entrants sur le marché font face à des réponses concurrentielles agressives», a noté l'étude. Le rapport demande la fin du pouvoir du ministre des Transports de passer outre les fusions et acquisitions jugées anticoncurrentielles dans le cadre d'un processus d'examen fédéral. Il préconise également la publication, à l'échelle de l'industrie, de données sur les retards et les annulations afin d'aider les consommateurs à faire des choix éclairés, à l'instar des États-Unis et du Royaume-Uni.
Il souligne aussi les défis uniques auxquels sont confrontées les communautés éloignées et recommande la création d'un groupe de travail pour intensifier la desserte du Nord, où le transport aérien «n’est pas un luxe ou un privilège, mais une bouée de sauvetage».
Entreprise dans cette dépêche: (TSX : AC)
Christopher Reynolds, La Presse Canadienne