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La visite du roi au Canada ne visait pas que Trump, selon des experts

durée 18h34
28 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Mark Carney voulait envoyer un message à Donald Trump en invitant le roi Charles III à Ottawa cette semaine, selon des experts en politique étrangère. Mais le président américain n'était peut-être pas la seule personne visée.

Plusieurs experts en politique étrangère se disent convaincus que le premier ministre a organisé la visite royale éclair pour réaffirmer la souveraineté et la culture politique distincte du Canada devant un public mondial, en réponse à la politique commerciale de M. Trump et à ses appels répétés à l'annexion du Canada.

Roy Norton, chercheur à la Balsillie School of International Affairs, doute que M. Carney aurait invité le roi si le premier ministre britannique Keir Starmer n'avait pas pris la décision controversée d'inviter le président Trump pour une deuxième visite d'État au Royaume-Uni.

L’invitation a été officiellement envoyée par le roi Charles III, mais elle aurait été proposée sur les conseils de M. Starmer.

«Je pense que Trump n'est pas le seul public au niveau international, mais je pense que Trump est un public important. Starmer est également visé, car on lui a rappelé que le roi a des responsabilités qui vont au-delà du simple fait de servir les intérêts du Royaume-Uni», a déclaré M. Norton.

M. Carney a affirmé dans une entrevue accordée à la chaîne britannique SkyNews au début du mois que les Canadiens «n'étaient pas impressionnés» par l'invitation de M. Starmer à M. Trump, «compte tenu des circonstances».

M. Norton a déclaré que la visite avait peut-être aussi pour but de rappeler au roi ses propres responsabilités à l'égard du Canada.

Si de nombreux Canadiens ont été déçus que le roi n'ait pas fait de déclaration directe pour contrer les propos de M. Trump sur l'annexion, le discours du Trône qu'il a lu à Ottawa a mis l'accent sur la souveraineté du Canada et sur les relations personnelles étroites qu'il entretient avec le pays.

Si M. Trump est resté relativement discret sur la visite royale elle-même, il a de nouveau appelé mardi à l'annexion du Canada.

Dans un message publié sur les médias sociaux, il a déclaré que le Canada paierait des milliards de dollars pour participer à son système de défense antimissile baptisé le «Dôme doré», qui n'est pas encore construit, s'il «reste une nation séparée, mais inégale, alors qu'il coûtera ZÉRO DOLLAR s'il devient notre 51e État bien-aimé».

Fen Hampson, professeur à l'Université de Carleton et expert des relations canado-américaines, a déclaré que, bien qu'il pense que la visite royale était «tout à propos de Trump», le président reste «immunisé contre les messages ou la persuasion de quelque nature que ce soit».

«En période extraordinaire, il faut sortir le grand jeu et faire appel à des amis pour envoyer un message fort affirmant que le Canada n'est pas à vendre, ni maintenant, ni demain, ni jamais», a-t-il affirmé.

M. Hampson ne pense pas que la visite elle-même a beaucoup contribué à unifier les Canadiens au-delà de l'effet déjà produit par M. Trump.

«C'est la menace de Trump qui unifie les Canadiens, pas le roi», a-t-il soutenu.

Ce n'était que la troisième fois qu'un monarque en exercice lisait le discours du Trône au Canada. La reine Élisabeth II l'avait fait en 1957 et en 1977.

Un représentant du gouvernement libéral, s'exprimant à titre confidentiel, a déclaré à La Presse Canadienne que l'objectif de la visite royale était d’inciter les Canadiens à renouer avec leurs racines culturelles et politiques à un moment où la souveraineté du pays est menacée.

Daniel Béland, directeur de l'Institut d'études canadiennes de l’Université McGill, a affirmé que c’était «un moyen d'attirer l'attention sur la spécificité de nos institutions politiques».

«Il s'agit également d'une question de relations publiques et d'amélioration du profil du Canada et, d'une certaine manière, des politiques du gouvernement», a-t-il déclaré, notant que la visite a reçu une attention internationale.

«Elle envoie certainement un message sur le fait que le Canada n'est pas isolé et qu'il a sa propre identité.»

Catherine Morrison, La Presse Canadienne