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La SPCA de Montréal voit désormais des abandons d'animaux toute l'année

durée 11h23
1 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — La SPCA de Montréal ne constate plus de forte augmentation des abandons d’animaux autour du 1er juillet, mais ce n’est pas parce que les gens ont cessé d’abandonner leurs animaux avant de déménager.

Le refuge indique que, comparativement aux années précédentes, moins de baux résidentiels se terminent à la fin du mois de juin. Ainsi, au lieu d’abandonner leurs animaux d’un seul coup, les Montréalais les abandonnent toute l’année.

Et le nombre d’animaux abandonnés est en hausse, une tendance que Laurence Massé, directrice générale de la SPCA de Montréal, attribue au coût de la vie élevé et au manque de logements locatifs acceptant les animaux.

«Nous constations auparavant une augmentation très importante, un écart considérable entre les abandons en juillet et tous les autres mois», a indiqué Mme Massé, en entrevue.

«Nous n'observons généralement pas la même augmentation qu'auparavant, car les gens déménagent maintenant toute l'année.»

Au cours des quatre premiers mois de 2025, la section montréalaise de la SPCA a signalé 1212 animaux abandonnés, soit une augmentation de 26 % par rapport à la même période en 2024. La SPCA a reçu 3000 animaux abandonnés en 2024.

Avant le 1er juillet, les locaux montréalais de la SPCA accueillaient déjà près de 200 animaux : près de 100 chats, 27 chiens, 39 petits animaux, comme des lapins, et 25 animaux sauvages. Mme Massé a affirmé que son organisation a déjà atteint 112 % de sa capacité d'accueil pour les chats et 118 % pour les chiens.

«Nous n'abandonnerons jamais un animal ; nous allons donc ouvrir nos bureaux, nous allons trouver une famille d'accueil», a expliqué Mme Massé.

On craignait une forte augmentation du nombre d'animaux abandonnés dans les refuges après la pandémie de COVID-19, alors que de nombreuses personnes en avaient adopté pendant les confinements. Cette vague d'abandons d'animaux n'a jamais eu lieu, mais les abandons sont en hausse en raison d'une combinaison complexe de facteurs, a souligné Mme Massé.

Débat sur les clauses interdisant les animaux

Les clauses interdisant les animaux dans les baux constituent un problème majeur, a-t-elle précisé, soulignant que 52 % des familles québécoises possèdent des animaux de compagnie et que 25 % des animaux sont des chiens, mais que seuls 4,2 % des propriétaires autorisent les chiens dans leur logement.

«Il est donc extrêmement difficile de trouver un logement. C'est l'un des principaux facteurs d'abandon.»

La SPCA a plaidé en faveur de modifications au Code civil pour supprimer les clauses interdisant les animaux. Québec solidaire a tenté de légiférer sur la question en 2023, mais sans succès.

Martin Messier, président de l'Association des propriétaires du Québec, affirme que ses membres seraient plus ouverts à l'acceptation des animaux de compagnie si le gouvernement du Québec autorisait les propriétaires à percevoir des dépôts pour les dommages potentiels causés par les animaux.

«Pour le propriétaire d'immeuble, ce n'est jamais l'animal qui est le problème, c'est toujours le propriétaire de l'animal qui n'en prend pas soin», a-t-il soutenu. M. Messier a dit que les propriétaires veulent s'assurer d'avoir un immeuble en bon état et que les autres locataires puissent profiter de leur logement également.

En 2015, le Québec a modifié le statut juridique des animaux pour les déclarer des êtres sensibles et non des biens. Cependant, les législateurs n'ont pas modifié les règles concernant les clauses interdisant les animaux, qui demeurent légales.

L'avocat John-Nicolas Morello, directeur d'un organisme à but non lucratif voué à la défense de l'éthique et du droit animalier, a déclaré que la SPCA avait intenté une action en justice contre les règles québécoises concernant les clauses interdisant les animaux. Cette affaire, cependant, ne sera pas entendue avant plusieurs années.

D'autres juridictions ont pris l'initiative sur cette question : la France et l'Ontario, par exemple, ont invalidé les clauses interdisant les animaux dans les baux résidentiels.

Me Morello a affirmé que son organisation soutenait la contestation judiciaire de la SPCA et avait, entre-temps, créé un manuel pour guider les locataires lors des négociations de bail, afin que les propriétaires se sentent plus à l'aise avec les animaux.

«En attendant cette contestation judiciaire, nous avons pensé qu'il était important de développer un outil permettant une discussion éclairée entre le propriétaire et le locataire», a dit M. Morello.

Des enjeux financiers

Mme Massé a toutefois noté que l'abandon d'un animal de compagnie est de plus en plus une question financière.

«Ces deux dernières années, nous avons constaté une augmentation des abandons pour des raisons économiques, a rapporté Mme Massé. Nous vivons actuellement dans un contexte d'inflation et, malheureusement, les gens ont du mal à se nourrir. Alors, qu'en est-il de la nourriture pour l'animal ?»

La SPCA gère un programme qui offre de la nourriture, de la litière et des jouets aux animaux dont les propriétaires ont des difficultés financières. Outre les produits de première nécessité, il est difficile pour les familles de prévoir dans leur budget les soins vétérinaires potentiels.

«Donc, derrière chaque abandon, il y a (souvent) une raison financière, malheureusement, et on en voit de plus en plus cette année», a déclaré Mme Massé.

Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne