La rencontre des premiers ministres et des Autochtones suscite des réactions mitigées


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Par La Presse Canadienne, 2025
HUNTSVILLE, ONT. — Les premiers ministres des provinces ont dit souhaiter une réconciliation économique avec les peuples autochtones par le biais de grands projets d'infrastructure et de ressources, alors qu'ils entamaient des discussions avec des groupes des Premières Nations, des Métis et des Inuits lors d'une réunion de trois jours au nord de Toronto.
Les premiers ministres se sont réunis au Deerhurst Resort à Huntsville, en Ontario, pour discuter de commerce et de droits de douane, notamment lors de leur rencontre mardi avec le premier ministre Mark Carney.
Mais ils ont d'abord tenu une réunion avec les dirigeants de l'Assemblée des Premières Nations, la Nation Anishinabek et de l'Association des femmes autochtones du Canada, entre autres groupes autochtones.
Cette réunion a eu lieu alors que les communautés autochtones ont exprimé leurs inquiétudes concernant les lois fédérales et provinciales visant à accélérer les grands projets d'infrastructure afin de stimuler l'économie face aux répercussions des droits de douane.
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a fait valoir qu'ils ne peuvent pas aller de l'avant avec de grands projets si une Première Nation en particulier désapprouve, ajoutant qu'il attendra que les autres prennent le temps de se prononcer sur ce qui constitue des «projets d'édification de la nation».
La cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse Nepinak, a estimé que la réunion avait été productive, tandis que la cheffe du Grand Conseil de la Première Nation Anishinabek, Linda Debassige, a jugé qu'elle avait été décevante et n'avait pas permis de réaliser grand-chose.
Les premiers ministres ont convenu de rencontrer les dirigeants autochtones et le premier ministre afin de discuter plus en détail de leurs préoccupations.
Plus tôt dans la journée, la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a déclaré: «Nous pensons qu'il s'agit d'une excellente occasion de réconciliation économique avec les Premières Nations».
«Nous allons veiller à ce qu'elles prospèrent comme jamais auparavant et la porte leur est ouverte», a ajouté le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford. «Elles sont les bienvenues pour franchir cette porte et s'associer à l'ensemble du pays et à l'Ontario afin de rendre leur vie plus prospère que jamais. Ce sera leur choix.»
Mme Smith et M. Ford ont soutenu que le temps presse, car le pays doit agir rapidement dans la guerre commerciale avec le président américain, Donald Trump.
Mais deux nouvelles lois visant à stimuler l'économie ont suscité l'indignation de nombreuses Premières Nations, qui souhaitent une consultation significative sur les grands projets sur leurs territoires.
La loi fédérale, connue sous le nom de projet de loi C-5, permet au Cabinet d'accorder rapidement des approbations fédérales pour de grands projets jugés d'intérêt national en contournant les lois existantes, tandis que le projet de loi 5 de l'Ontario permet au Cabinet provincial de suspendre les lois provinciales et municipales par la création de «zones économiques spéciales».
Neuf Premières Nations de l'Ontario ont contesté ces lois devant les tribunaux.
Mark Carney a organisé une réunion avec des centaines de chefs des Premières Nations la semaine dernière et, si certains chefs ont quitté la réunion en déclarant ne pas avoir reçu de réponse suffisante aux préoccupations qu'ils soulevaient depuis des semaines, d'autres ont quitté la réunion avec un «optimisme prudent».
Danielle Smith a affirmé que la longueur du processus d'approbation réglementaire pour les pipelines et l'extraction minière posait problème et qu'elle estimait que les gouvernements pouvaient raccourcir ce délai tout en consultant les Premières Nations.
«Je pense que, dans ce nouveau contexte, nous devons trouver un moyen d'obtenir un accord plus rapidement. Cela ne signifie pas qu'une consultation rigoureuse ne soit pas nécessaire, mais elle doit se dérouler dans un délai permettant au promoteur de savoir si la réponse est oui et comment y parvenir», a-t-elle expliqué.
Pas de discussions sans nous
La grande cheffe Kyra Wilson, de l'Assemblée des chefs du Manitoba, a demandé au premier ministre canadien et au premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, d'inclure officiellement la représentation régionale des Premières Nations lors de la réunion de mardi entre les premiers ministres et Mark Carney.
«Ces discussions ne peuvent avoir lieu sans nous. Les Premières Nations ne sont pas seulement touchées par les décisions commerciales internationales, elles sont directement impliquées dans les régions, les économies et les territoires concernés par ces décisions», a fait valoir Mme Wilson dans une déclaration.
«Nous gouvernons des nations avec des mandats et des responsabilités bien définis. Ignorer cela affaiblit la réponse et risque de répéter les mêmes erreurs que nous avons observées depuis des décennies.»
Doug Ford a indiqué qu'au cours de leur réunion de cette semaine, les premiers ministres discuteront également de gestion des urgences, de sécurité énergétique, de souveraineté et de sécurité nationale, de santé et de sécurité publique.
- Avec des informations d'Alessia Passafiume, à Ottawa
Liam Casey et Allison Jones, La Presse Canadienne