La réflexion a assez duré et il faut agir, dit une association de pompiers


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Ottawa doit cesser d'étudier l'idée d'une agence nationale de coordination en cas d'incendies de forêt et doit passer à l'action, croit l'Association canadienne des chefs de pompiers.
«Nous appellerons ça comme ils le veulent. Nous avons seulement besoin que ce soit mis en marche», lance en entrevue le président de l'organisation, Ken McMullen.
L'Association canadienne des chefs de pompiers (ACCP) souhaite que le Canada s'inspire d'une composante de l'agence américaine de gestion des catastrophes, connue par son acronyme FEMA, plutôt que d'en reproduire l'entièreté.
«FEMA est une grosse, grosse, grosse machine qui administre des centaines de millions de dollars et programmes. (...) Notre modèle est beaucoup plus simple, moins coûteux», dit M. McMullen.
Plus précisément, l'ACCP demande à ce que le gouvernement fédéral se dote d'un bureau d'administration des feux, soit une version canadienne du «US Fire Administrator».
Ce bureau, qui pourrait être composé d'une à deux personnes, s'assurerait que la dispersion de personnel et d'équipement est appropriée partout au pays dans l'éventualité de feux de forêt. Ce bureau permettrait aussi aux services de sécurité et incendies d'être à la table de discussion au sujet de politiques gouvernementales qui peuvent, indirectement, avoir un impact sur les incendies.
M. McMullen donne en exemple la volonté d'Ottawa d'accélérer la construction de logements. «On entend des choses comme ''Nous devons construire davantage, nous devons construire plus vite et à moindre coût''. Ce que nous n'entendons pas, nous, les chefs de pompiers, c'est que nous devons construire de façon à réduire les risques», déplore-t-il.
Le gouvernement canadien étudie depuis plus de deux ans la possibilité de créer une agence d'intervention ou de coordination en cas de catastrophes. La réflexion a commencé dans la foulée de la saison record des incendies de forêt survenue à l'été 2023. L'année 2025 pourrait aussi passer à l'histoire comme étant l'une des pires au chapitre des feux.
«C'est prévisible et c'est possible de faire de la prévention de façon différente. Alors nous devons faire un meilleur travail et il n'est pas question de mener des études. L'information est déjà là. Nous devons seulement nous activer et prendre des décisions», tranche M. McMullen, qui est aussi pompier en chef à Red Deer, en Alberta.
Selon lui, la tenue des récentes élections fédérales et l'entrée en scène d'un nouveau premier ministre qui a formé, il y a à peine quelques mois, son gouvernement, ont entraîné des délais.
L'ACCP n'a pas encore rencontré la nouvelle ministre de la Gestion des urgences, Eleanor Olszewski, mais a échangé avec son bureau.
Le ministère de la Sécurité publique a déclaré à La Presse Canadienne que la ministre Olszewski «collaborera étroitement avec ses collègues du cabinet pour explorer et faire avancer des options visant à améliorer la coordination et la capacité d’intervention au niveau fédéral».
Au cours des deux dernières années, Ottawa a étudié divers modèles qui existent dans le monde et a rencontré des experts en gestion des urgences, a-t-on indiqué. «Ces discussions préliminaires ont révélé que toute solution doit refléter les réalités de la fédération canadienne, notamment le leadership des provinces, des territoires, des collectivités locales et des gouvernements autochtones quant à la gestion des situations d’urgence, peut-on lire. Les travaux réalisés à ce jour permettent de définir l’approche développée par le gouvernement actuel.»
Sous l'ancien gouvernement de Justin Trudeau, M. McMullen a pu échanger à maintes reprises avec l'ex-premier ministre et des membres de son équipe, mais il note que «ça n'est pas arrivé du jour au lendemain».
«Ça prend beaucoup de temps pour développer des relations», estime-t-il. Or, il a senti que M. Trudeau avait la volonté d'acquiescer à la demande de l'ACCP de créer un bureau national d'administration des feux.
«Dire que nous avions espoir à la fin de 2024, c'est probablement un euphémisme. Nous étions extrêmement optimistes», résume le président de l'ACCP.
Or, la démission de M. Trudeau, sa prorogation du Parlement, la tenue d'élections, puis la formation d'un nouveau gouvernement ont mis le projet sur la glace, a-t-il raconté.
M. McMullen espère que le dossier avancera dès cet automne, avec la reprise des travaux parlementaires.
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne