La nouvelle cible de dépenses en défense au cœur des discussions au Sommet de l'OTAN


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Par La Presse Canadienne, 2024
LA HAYE — Les dirigeants des pays membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) doivent décider mercredi s'ils vont plus que doubler leur objectif de dépenses en matière de défense.
Le premier ministre Mark Carney fait partie des dirigeants réunis à La Haye pour le sommet annuel.
Cette année, le sujet qui meuble les discussions est de savoir si les pays membres de l'OTAN feront passer leur objectif de dépenses en matière de dépenses à 5 % de leur PIB. La cible actuelle est de 2 % du PIB.
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, propose de diviser la cible de 5 % du PIB en deux parties. Ainsi, une tranche de 3,5 % du montant serait consacrée aux besoins essentiels, comme les avions et les armes, tandis que la portion de 1,5 % restante irait aux investissements liés à la défense, notamment les infrastructures et la cybersécurité.
Avant la réunion officielle du Conseil de l'Atlantique Nord, M. Carney a tenu des réunions bilatérales avec le premier ministre de la Nouvelle-Zélande, Christopher Luxon, et le premier ministre de l'Estonie, Kristen Michal.
M. Carney a expliqué mardi à CNN International que le Canada atteindrait le nouvel objectif en partie grâce à l'exploitation de gisements de minéraux essentiels. Il a fait valoir qu'une partie du travail sera réalisée en partenariat avec l'Union européenne (UE), les États membres de l'UE, le Royaume-Uni et d'autres alliés.
Il a également précisé que 5 % du PIB correspondrait à un budget de défense de 150 milliards $ pour le Canada. Selon les données de l'OTAN, le Canada a dépensé 41 milliards $ pour la défense en 2024.
Les 32 États membres de l'OTAN doivent s'accorder sur le nouvel objectif et débattre de l'échéancier de sa mise en œuvre.
L'ombre de Trump
Le président américain, Donald Trump, a quitté Washington mardi pour se rendre à La Haye. Avant même son arrivée, M. Trump avait déjà eu un impact majeur sur le sommet.
Plus tôt cette année, M. Trump a laissé entendre que les États-Unis pourraient renoncer à leurs engagements envers l'alliance si les pays membres ne respectent pas leurs objectifs de dépenses en matière de défense.
Le président américain a semé davantage le doute mardi en déclarant que son engagement envers la garantie de défense mutuelle prévue dans le traité de l'OTAN «dépend de votre définition» de cette garantie.
Pressé par les journalistes, le secrétaire Rutte a assuré qu'il n'avait aucun doute sur l'engagement des États-Unis envers l'OTAN et l'article 5, soit la partie du traité de l'OTAN qui stipule qu'une attaque armée contre un membre est une attaque contre tous.
M. Trump, qui accuse depuis longtemps l'alliance de ne pas payer sa juste part des coûts de défense, est également le principal instigateur du plan visant à augmenter les objectifs de dépenses de défense des membres.
Lors d'un dîner avec les dirigeants de l'OTAN, mardi, M. Rutte a remercié M. Trump d'avoir fait pression pour une augmentation des dépenses et d'avoir incité l'Europe à «vraiment passer à la vitesse supérieure».
De l'hésitation
Selon Kerry Buck, qui est une ancienne ambassadrice du Canada auprès de l'OTAN, il est dans l'intérêt du Canada et de ses alliés européens de maintenir les États-Unis au sein de l'OTAN «aussi profondément et aussi longtemps que possible».
«Tout ce que nous pouvons faire pour que ce Sommet de l'OTAN se déroule sans divisions publiques entre les États-Unis et les autres alliés sur quelque sujet que ce soit, et pour satisfaire la demande de longue date des États-Unis de rééquilibrer les dépenses de défense, sera bon pour le Canada, car l'OTAN est bonne pour le Canada», a soutenu Mme Buck en entrevue avec La Presse Canadienne.
Le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et l'Allemagne se sont tous engagés à atteindre l'objectif de 5 %. Les pays membres plus proches des frontières de l'Ukraine, de la Russie et de son allié, la Biélorussie, se sont également engagés à le faire.
Mais certains pays, dont l'Espagne et la Slovaquie, hésitent encore.
M. Rutte a averti lundi qu'aucun pays ne pouvait se soustraire à cet objectif. Il a noté que les progrès accomplis seraient examinés dans quatre ans.
— Avec des informations de l'Associated Press
Catherine Morrison, La Presse Canadienne