La lutte contre l'itinérance s'intensifie à l'approche du 1er juillet


Temps de lecture :
2 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Alors que de nombreux Québécois s'apprêtent mardi à prendre un nouveau logement, des milliers d'autres pourraient se retrouver dans la rue.
Chaque année, le 1er juillet est une journée difficile pour les organismes qui œuvrent dans le milieu de l'itinérance. N'arrivant pas à trouver des logements face à l'augmentation des coûts et à la diminution des unités disponibles, «des centaines et des centaines de personnes n'ont aucune option autre que de se trouver en situation d'itinérance», explique James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Fondé en 1889, l'organisme offre des services d'urgence aux personnes en situation d'itinérance. Depuis quatre ans, elle dispose également d'un programme de prévention, appelé Passerelle, qui vise à limiter les impacts du 1er juillet.
Avec une augmentation de 71 % des prix du logement à Montréal depuis 2019, M. Hughes explique que le problème atteint «des volumes qu'on n’a jamais vus avant». L'augmentation du problème semble cependant ralentir, note-t-il, «ce qui suggère peut-être que [les] interventions [de l'organisme] portent un peu de fruits».
Le programme Passerelle est fait en partenariat avec l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) et aide «des centaines de personnes», affirme M. Hughes. Le programme sert à identifier à l'avance des personnes qui n'auront pas d'autres choix que l'itinérance au 1er juillet, afin d'intervenir pour les accompagner vers une solution.
«Nous avons eu beaucoup de succès», indique-t-il, mais, en cas d'échec, les personnes sont placées dans des hôtels financés par l'OMHM le temps de régler la situation.
Au sein du programme, l'équipe de la Mission Old Brewery aide entre 30 et 60 personnes chaque année, généralement les cas les plus complexes. «Notre expertise en intervention auprès des personnes en situation d'itinérance nous donne une certaine expertise» qui se traduit très bien en prévention, explique M. Hughes.
L'organisme dispose de trois autres programmes de prévention; un pour les aînés, un pour les détenus proches de leur libération et un pour les gens qui risquent de perdre leur HLM. M. Hughes estime à 50 % le taux de succès dans ces programmes.
Lutter en amont
S'il y a une crise d'itinérance au pays, c'est avant tout à cause de la crise du logement, selon le président de la Mission.
«Il faut régler la crise du logement pour régler la crise d'itinérance», martèle-t-il. Pour ce faire, il suggère d'investir massivement afin de construire des «milliers de nouvelles unités de logement abordable».
La Mission Old Brewery dispose pour sa part d'un parc de 500 logements, elle accompagne également les gens vers d'autres options d'habitation, lorsqu'elles conviennent mieux.
M. Hughes note que 80 000 logements abordables ont été perdus de 2010 à 2020 à Montréal en raison de rénovation ou d'autres stratagèmes d'augmentation des prix du loyer.
«La diminution d'offre de ce type de logement fait que les gens pauvres ont très très peu d'options, et il faut renverser la tendance».
Alexis Drapeau-Bordage, La Presse Canadienne