L'outil CRISPR modifie les globules rouges pour obtenir du sang «sur mesure»


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L’outil d’édition génomique CRISPR-Cas pourrait permettre de modifier des globules rouges produits en laboratoire afin de les rendre compatibles avec tous les groupes sanguins, portent à croire des travaux réalisés à l'Université Laval.
On pourrait donc envisager de produire, un jour, du sang «sur mesure» pour des patients qui ont des groupes sanguins rares ou qui ont besoin de transfusions sanguines récentes. La découverte pourrait aussi éventuellement pallier les pénuries chroniques qui affligent les banques de sang.
«Pour les gens qui ont vraiment besoin d'un sang rare, ça pourrait devenir intéressant parce que même si c'était complexe et difficile à produire, on pourrait avoir une solution pour eux», a dit l'auteur de l'étude, le professeur Yannick Doyon de la faculté de médecine de l’Université Laval.
La compatibilité du sang dépend de molécules antigéniques qui se trouvent à la surface des globules rouges. Si le système immunitaire du récipiendaire de la transfusion ne reconnaît pas ces molécules, il les attaque et les détruit comme s'il s'agissait d'un envahisseur.
La technique mise au point par le professeur Doyon et ses collègues utilise le système d’édition génomique CRISPR-Cas pour inactiver les gènes codant pour certains antigènes de la surface des globules rouges. L'équipe a éventuellement réussi à produire du sang compatible avec tous les groupes sanguins.
Mais cette transformation ne représente que la moitié du défi, prévient le professeur Doyon, puisqu'on ne dispose pas en ce moment de la technologie nécessaire pour produire en laboratoire des quantités suffisantes de globules rouges.
«Le premier défi, c'est de produire assez de globules rouges, a ajouté le professeur Doyon, qui est également chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Et on n'a pas encore cette capacité d'en produire en quantité assez importante. Parce qu'après ça, la modification génétique, ça se fait quand même bien.»
Le professeur Doyon travaille actuellement au développement d'une technique in vitro qui permet de différencier des cellules précurseures de globules rouges en globules rouges matures, et à les multiplier.
Les conclusions de la nouvelle étude ont été publiées par le journal médical Human Molecular Genetics.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne