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L'opposition demande du concret fasse à la hausse des plaintes pour rats à Montréal

durée 06h00
4 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les rats ont envahi le jardin de James Klein ce printemps.

En vingt ans dans le quartier Snowdon de Montréal, il n'avait jamais eu de problème de rats. Mais maintenant, lorsqu'il regarde la télévision dans son salon, il les voit du coin de l'œil, s'agitant devant la porte vitrée donnant sur sa terrasse.

«C'est quelque chose d'indescriptible», dit-il.

M. Klein ignore pourquoi les rats sont soudainement apparus. Il pense qu'ils ont peut-être été déplacés lorsque la Ville a fait des travaux sur les canalisations de son quartier plus tôt cette année.

Quelle qu'en soit la raison, le résultat est qu'il n'a pas mangé dehors de tout l'été. «Un soir, il y en avait tout un groupe qui faisait la fête sur ma terrasse; ils couraient dans tous les sens et se poursuivaient», raconte-t-il.

«C'est tout simplement choquant.»

M. Klein n'est pas le seul à tirer la sonnette d'alarme concernant la population de rats à Montréal. Le nombre d'appels à la Ville concernant les rats a fortement augmenté ces dernières années, malgré l'engagement d'élaborer un plan de contrôle des rongeurs pris il y a deux ans par le conseil municipal.

Augmentation importante

Les données obtenues par La Presse Canadienne indiquent que plus de 1700 appels ont été passés à Montréal au 311 en 2024 concernant des rats. Deux ans plus tôt, ce nombre était de 1000. Dans certains des 19 arrondissements de la ville, le nombre d'appels a plus que doublé au cours de cette période.

La Ville affirme prendre la situation au sérieux. Elle précise que les arrondissements tentent de contrôler les rongeurs par des inspections ou en déployant des exterminateurs.

Mais l'opposition affirme que la Ville n'en fait pas assez pour résoudre ce qu'elle considère comme un problème croissant, laissant les résidents seuls face à une situation insoluble.

«Lors de nos réunions du conseil d'arrondissement, nous avons constaté un nombre significativement plus élevé de résidents soulevant la présence de rats dans des secteurs résidentiels où ils n'en auraient normalement jamais vu», a rapporté Stéphanie Valenzuela, conseillère municipale de l'opposition dans l'arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, où réside M. Klein. «Cela a des répercussions sur leur quotidien, sur leurs commerces et sur la qualité de vie de tous.»

Dans son arrondissement, les appels à la Ville concernant les rats ont plus que triplé entre 2022 et 2024.

La Ville, qui a fourni ces chiffres en réponse à une demande d'accès à l'information, a indiqué que les appels comprenaient des plaintes, des commentaires et des demandes d'information sur les rats.

Les deux arrondissements qui ont signalé le plus d'appels l'an dernier sont Ville-Marie, qui comprend tout le centre-ville de Montréal, et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Entre 2022 et 2024, le nombre d'appels liés aux rats a plus que doublé dans les deux arrondissements.

Mme Valenzuela a affirmé que la municipalité n'avait pas donné suite à une motion de l'opposition, adoptée à l'unanimité en 2023, qui demandait la création d'un plan de dératisation.

Ce plan aurait inclus des mesures pour gérer les rats pendant les travaux dans les égouts de la ville, et pour remplacer les poubelles ouvertes par des poubelles fermées dans les lieux publics.

Mme Valenzuela, encourage les résidents à appeler le 311 pour se plaindre.

Un porte-parole de la Ville a noté que Montréal avait déjà des règles visant à maintenir les égouts étanches pendant les travaux. «Ceci dit, maintenir un environnement propre demeure le meilleur moyen de limiter la présence de rats», a déclaré Hugo Bourgoin, ajoutant que chaque arrondissement est responsable de la gestion de sa propre population de rats.

M. Klein a indiqué qu'un de ses voisins avait lancé une pétition concernant les rongeurs l'automne dernier, mais qu'elle n'avait pas abouti. Lors d'une réunion du conseil d'arrondissement en mai, en réponse à une question sur la présence de rats dans le quartier de M. Klein, un fonctionnaire municipal a répondu que «la capacité d'intervention de la Ville demeure plutôt limitée», car les pièges et le poison ne peuvent être utilisés dans les lieux publics.

«Que la Ville nous dise essentiellement: “On ne peut rien faire et il faut vivre avec” est totalement inacceptable», a décrié M. Klein.

Expliquer l'invasion

Hélène Bouchard, présidente de deux entreprises d'extermination à Montréal, a noté qu'il est difficile de savoir si le nombre de rats dans la ville est réellement en hausse ou s'ils sont simplement devenus plus visibles.

Elle a ajouté que la fermeture des restaurants et autres commerces pendant la pandémie a poussé les rats à s'aventurer plus loin dans les zones résidentielles à la recherche de nourriture, et que ces habitudes ont pu perdurer.

«Ils ont une bonne mémoire, a-t-elle expliqué. Ils emprunteront toujours le même chemin pour trouver leurs sources de nourriture.»

Elle a ajouté que la prolifération des jardins communautaires pourrait également attirer les rongeurs, tandis que les travaux d'égouts pourraient déplacer les colonies de rats. Un autre problème est que les gens sortent souvent leurs ordures la veille de la collecte, a indiqué Mme Bouchard; «c'est un véritable buffet à volonté pour les rats.»

La collecte des ordures est devenue un sujet controversé à Montréal ces dernières années, la Ville encourageant le compostage tout en réduisant la fréquence de la collecte dans certains quartiers.

L'administration de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, tente d'instaurer une collecte des ordures bimensuelle dans toute la ville d'ici 2029. Mais Mme Valenzuela a affirmé que la Ville n'en avait pas fait assez pour s'assurer que les résidents compostent leurs déchets alimentaires.

«Beaucoup de choses qui pourraient être compostées et ramassées chaque semaine sont jetées à la poubelle, a-t-elle soutenu. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles il y a eu une augmentation des déchets qui traînent, qui sentent mauvais et qui attirent les rongeurs.»

M. Klein, cependant, a assuré qu'il n'avait rien laissé à manger aux rats. Il se dit dégoûté chaque fois qu'il regarde dehors, tout en se sentant impuissant face au problème.

«En tant que contribuables, nous ne pouvons rien faire, a-t-il déclaré. C'est la ville qui doit agir.»

Maura Forrest, La Presse Canadienne