L'Inde n'a pas accepté de rétablir l'effectif complet de diplomates canadiens


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le nouvel envoyé de l'Inde au Canada a rejeté l'affirmation de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, selon laquelle New Delhi aurait accepté de rétablir l'effectif complet de diplomates canadiens.
Le haut-commissaire indien Dinesh Patnaik a précisé qu'Ottawa devait d'abord résoudre les retards dans l'accréditation de son personnel diplomatique au Canada.
«C'est une question de confiance réciproque, a expliqué M. Patnaik à La Presse Canadienne lors d'une entrevue jeudi dernier. La confiance doit être instaurée des deux côtés.»
Ses commentaires surviennent alors que le gouvernement Carney cherche à redynamiser ses relations avec l'Inde, deux ans après qu'Ottawa a accusé New Delhi d'avoir joué un rôle dans l'assassinat d'un militant sikh près de Vancouver, et un an après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a accusé le gouvernement indien d'être impliqué dans des homicides et des actes d'extorsion et de coercition au Canada.
Ottawa a retiré la plupart de ses diplomates d'Inde en octobre 2023 après que New Delhi a menacé de retirer l'immunité diplomatique à 41 responsables canadiens et à leurs 42 personnes à charge. Outre les diplomates, Ottawa comptait alors des experts dans des domaines comme la défense et l'agriculture en Inde.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, s'est rendue en Inde plus tôt ce mois-ci et les deux pays ont publié une déclaration commune s'engageant à renforcer leur partenariat.
À la fin de sa visite, Mme Anand a déclaré aux journalistes que New Delhi autoriserait le retour de l'ensemble des diplomates canadiens, bien que cela ne soit pas mentionné dans la déclaration commune. Elle a ajouté qu'Ottawa n'envisagerait pas de rouvrir les négociations commerciales tant que l'Inde n'aurait pas pris cette mesure.
«Nous avons convenu de renforcer nos effectifs comme auparavant, afin de servir nos populations respectives», a-t-elle souligné le 14 octobre.
M. Patnaik a toutefois avancé que l'Inde n'avait jamais accepté qu'Ottawa renforce ses effectifs.
«Nous avons convenu d'une certaine avancée, en commençant à réunir le nombre de personnes nécessaire au bon fonctionnement des missions diplomatiques», a-t-il souligné lors d'une entrevue le 16 octobre.
«Nous voulons nous assurer qu'il soit facile pour chacun de nos employés d'obtenir des visas et de venir travailler comme diplomates. Le nombre importe peu. C'est la facilité d'action qui compte», a-t-il ajouté.
Selon M. Patnaik, cela dépendait de la capacité de l'Inde à faire venir des experts au Canada munis de passeports diplomatiques. Il affirme que ce processus est beaucoup trop long pour les experts dans des domaines comme l'énergie et l'agriculture.
«Pour certains de nos employés, cela prend environ deux à trois mois. (Mais) après six mois, nous avons dû annuler la venue de ces employés, car ils ne pouvaient pas obtenir de visa», a-t-il mentionné.
Affaires mondiales Canada refuse de divulguer le nombre de diplomates canadiens actuellement en poste en Inde.
M. Patnaik semblait lier l'accréditation des diplomates canadiens aux problèmes de visas auxquels son personnel est confronté.
«Lorsqu'on doit traiter avec un autre pays, c'est du donnant-donnant. On ne peut pas se contenter de dire : "J'ai un système, vous devez vous y conformer, mais je veux que vous simplifiiez votre système pour nous faciliter la tâche". Ça ne fonctionne pas comme ça», a-t-il soutenu.
Invité à réagir aux commentaires de M. Patnaik, Affaires mondiales Canada a cité la déclaration commune publiée la semaine dernière par les deux pays, qui ne mentionne pas le rétablissement de la présence diplomatique du Canada.
Le communiqué indiquait plutôt que les missions diplomatiques des deux pays «renforceront leurs capacités institutionnelles en déployant progressivement leur expertise dans les domaines économique, politique, militaire et technologique».
La Presse Canadienne a interrogé la ministre Anand au sujet des commentaires de M. Patnaik. Elle a indiqué que sa compréhension reposait sur les propos de son homologue indien, Subrahmanyam Jaishankar, lors de sa visite.
«Écoutez, je m'entretiens avec le ministre Jaishankar. Mes échanges et mes points de vue sont contenus dans la déclaration commune», a-t-elle avancé lundi.
Dans un communiqué transmis à La Presse Canadienne, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a indiqué que les étrangers voyageant au Canada dans le cadre d'affectations diplomatiques ont besoin d'un type de visa, tandis que les diplomates qui viennent au Canada à des fins non diplomatiques auront besoin d'un visa de voyage s'ils proviennent d'un pays qui en exige un.
Pour ces deux motifs, le personnel diplomatique étranger est exempté des frais de visa habituels d'Ottawa et peut demander un visa par l'intermédiaire d'un système en ligne ou en se rendant dans un consulat, en personne ou par l'intermédiaire d'un représentant.
Dylan Robertson, La Presse Canadienne