L'analyse par le gouvernement des phénomènes aériens non identifiés recommandée


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — La collecte et l'analyse systématiques par le gouvernement de données sur les observations mystérieuses dans le ciel pourraient aider le Canada à mieux se préparer à des incidents, comme l'apparition soudaine de plusieurs ballons à haute altitude au-dessus de l'Amérique du Nord il y a deux ans, selon un rapport de la Conseillère scientifique en chef du Canada.
L'un des ballons, qui a survolé l'ouest du Canada au début de 2023 avant d'être abattu au large des côtes américaines, provenait apparemment de Chine et transportait du matériel sophistiqué.
Les incidents liés aux ballons ont suscité d'intenses spéculations publiques avant de disparaître des manchettes.
Le rapport final du projet Ciel Canada, de la Conseillère scientifique, indique que ces incidents soulignent l'importance d'une enquête gouvernementale sur ce qui apparaît dans le ciel, et sur la difficulté de distinguer les phénomènes naturels des dispositifs technologiques courants et des problèmes de sécurité potentiels.
Le rapport, publié cette semaine, recommande qu'Ottawa désigne un ministère ou un organisme fédéral pour gérer les données publiques sur les observations célestes et mettre en place un service chargé de recueillir des témoignages, d'enquêter sur les cas et de publier des analyses.
Le rapport explore la fascination du public pour les objets volants non identifiés et leur association à la vie extraterrestre, depuis des décennies, et souligne une évolution récente vers un concept plus nuancé de phénomènes aériens non identifiés (PANI).
Le document souligne que l'évolution de la terminologie pourrait atténuer le scepticisme et le ridicule qui ont parfois entouré les observations d'OVNI.
«La stigmatisation peut avoir des conséquences importantes, comme décourager les témoins de se manifester et entraver la recherche scientifique», affirme le rapport.
«L’adoption de la nouvelle expression plus globale "PANI" contribue à promouvoir une transparence, une crédibilité et une acceptation accrues en ce qui a trait à la recherche au sein des milieux professionnels et scientifiques et du grand public.»
Le rapport révèle que si de nombreuses observations peuvent être attribuées à des illusions d'optique, à des phénomènes atmosphériques ou à l'activité humaine, une minorité reste inexpliquée pour une multitude de raisons, notamment le manque de données fiables qui empêche une analyse scientifique rigoureuse.
Les observations inexpliquées suscitent l'intérêt et peuvent être source de désinformation, ce qui mine la confiance du public, ajoute le document.
«Lorsque les gens sont exposés à plusieurs reprises à de faux récits, ils peuvent devenir sceptiques à l’égard des sources crédibles, y compris les scientifiques, les journalistes et les institutions gouvernementales.»
Depuis le début de la guerre froide, les observations inhabituelles ont attiré l'attention de divers organismes fédéraux. Le Conseil de recherches pour la défense a d'ailleurs créé en 1952 un comité appelé «Projet Second Storey» pour examiner les observations de «soucoupes volantes» au-dessus du Canada.
Le rapport souligne que Transports Canada gère actuellement le système de compte rendu quotidien des évènements de l’aviation civile (SCRQEAC), pour les incidents affectant la sécurité aérienne, y compris les observations de PANI, tandis que l'Aviation royale canadienne et le ministère de la Défense nationale peuvent également recevoir des rapports par l'intermédiaire de leurs réseaux opérationnels.
De plus, les forces policières entendent parfois des témoins, et des organisations de la société civile, comme Ufology Research of Manitoba et MUFON Canada, compilent et analysent les données des citoyens, selon le rapport.
Cependant, il n'existe pas de «système cohérent et normalisé» de signalement et de suivi au Canada.
Le rapport cite les États-Unis, la France et le Chili comme exemples intéressants d'approches coordonnées, transparentes et scientifiques en matière de signalement des PANI.
Il indique que le gouvernement fédéral devrait choisir une organisation scientifique fiable et reconnue, comme l'Agence spatiale canadienne, pour gérer les données publiques sur les observations.
Le rapport recommande également que l'organisation responsable joue un rôle important dans la lutte à la désinformation en répondant aux demandes de renseignements du public et des médias concernant les observations, ainsi qu'en documentant et en communiquant les interprétations erronées courantes des observations.
De plus, les données devraient être mises à la disposition du public par souci de transparence et pour soutenir la recherche.
L'agence spatiale n'a pas répondu à une question concernant le rapport à temps pour la publication de ces lignes, et le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique a déclaré que les PANI ne relèvent pas de son mandat.
«L’adoption de communications plus transparentes et de méthodes scientifiques robustes constituera un pas important vers l’éduction du public et la lutte contre la désinformation», soutient le rapport.
Jim Bronskill, La Presse Canadienne