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Inquiets de l'étalement urbain, certains jeunes pourraient bouder la banlieue

durée 09h45
6 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Le rêve de posséder une maison unifamiliale avec sa propre cour en banlieue de Montréal pourrait changer chez certains jeunes qui sont sensibilisés aux risques de l'étalement urbain dans la métropole, selon une récente étude.

À Montréal, la croissance des zones bâties entre 1986 et 2016 a été quatre fois plus forte que celle de la population, a indiqué Jochen Jaeger, professeur au Département de géographie, urbanisme et développement à l'Université Concordia.

Afin d'évaluer ce phénomène de l'étalement urbain, le chercheur se base sur trois composantes: le pourcentage de zones bâties, leur dispersion et l'occupation des sols par personne.

Peu de jeunes sont cependant conscients de l'étalement urbain, car il est commun pour eux d'avoir une maison en banlieue, après y avoir été élevés.

«C'est un peu le rêve nord-américain d'avoir une maison unifamiliale pour la famille, et pour eux c'est la normalité», a souligné M. Jaeger.

En réalisant une étude sur les préférences de logement auprès de 166 étudiants de premier cycle de l'Université Concordia, le professeur s'est rendu compte que près d'un tiers des répondants n'avaient jamais entendu parler d'étalement urbain.

Une fois que ces jeunes ont été informés de ce phénomène et de ses répercussions — notamment la perte de sol pour l'agriculture ou encore la dégradation d'espaces naturels pour la biodiversité —, la vision de certains a changé, au point qu'ils étaient prêts à vivre dans un milieu plus densément peuplé.

Une urgence d'agir

Alors qu'un ralentissement de l'étalement urbain s'opère en Europe, ce n'est pas encore nécessairement le cas au Canada, où l'on «pense qu'on a beaucoup d'espace».

«Ce que l'on construit maintenant va être là dans 50 ans, dans 100 ans. Les générations futures ne peuvent pas changer l'endroit de tous ces bâtiments», a rappelé M. Jaeger.

«Si chacun utilise plus de sols par personne, cela va détruire l'environnement trop vite. Il y a beaucoup d'effets négatifs», a-t-il ajouté.

Selon lui, les promoteurs doivent commencer à penser différemment la construction de logements pour limiter l'étalement urbain, comme en offrant plus de triplex, par exemple.

«On bâtit beaucoup de maisons unifamiliales parce qu'il y a toujours quelqu'un qui va les acheter, mais les options d'aller plus dans la ville et vivre dans un quartier plus dense sont limitées», a-t-il précisé.

S'il ne recommande pas la construction de gratte-ciel à Montréal, le professeur estime qu'il serait possible de changer les limites de hauteur des bâtiments pour avoir un peu plus d'étages.

«Par exemple, sur Le Plateau, il n'y a pas d'étalement urbain et beaucoup de gens aiment vivre là, la qualité de vie est très haute», a-t-il illustré.

Le transport collectif se trouve également au cœur de la densification, afin d'encourager les habitants à rester en ville, au lieu de vouloir s'éloigner et de prendre une voiture.

«Une bonne chose de (la mairesse) Valérie Plante, c'est qu'elle a parlé de la densification qui est vraiment nécessaire, ce qui n'était pas le cas avant», a affirmé M. Jaeger.

Pour lui, il est donc important de conscientiser la population, et plus particulièrement les jeunes, sur la nécessité de créer une ville durable pour les générations futures.

Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne