Gilbert Rozon dit être poursuivi uniquement pour l'argent et comme cible de #metoo


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Gilbert Rozon estime que le procès le visant est le résultat de ce qu’il appelle une coalition montée contre lui par des femmes motivées par le gain et la cause #metoo.
Poursuivi au civil pour près de 14 millions $ par neuf femmes qui lui reprochent de les avoir agressées sexuellement, Gilbert Rozon a commencé mercredi à subir un contre-interrogatoire aux mains de Me Bruce Johnston, qui représente les demanderesses.
Sans aller jusqu’à accuser les femmes de complot, Gilbert Rozon s’est tout de même permis de dire que les plaignantes n’étaient pas les clientes de Me Johnston mais bien ses «associées», puisque tous se sont entendus sur un partage des gains si la Cour devait leur donner raison. La juge Chantal Tremblay l’a aussitôt rappelé à l’ordre, l’enjoignant de désigner les plaignantes par le terme demanderesses.
Me Johnston lui a demandé à quelques reprises si les neuf femmes mentaient; il a plutôt affirmé qu’«elles se sont inventé une vérité» au service d’un «énorme enjeu financier».
L'argent et #metoo
«C’est devenu l’enjeu principal, l’argent et ramenons ça à l’aspect sociologique, c’est la cause», a-t-il déclamé en faisant référence au mouvement #metoo.
L’avocat des demanderesses l’a confronté à une déclaration qu’il avait faite aux journalistes dans les corridors du palais de justice, alors qu’il disait avoir décidé de se battre devant la justice plutôt que de régler hors cour pour empêcher une «légalisation de l’extorsion». «Il y a un grand danger (de légalisation de l’extorsion). Je défends la vérité, vos clientes se sont inventé une vérité et peut-être que certaines même y croient», a-t-il rétorqué.
«Mettez huit personnes, ensemble, racontez une anecdote, il va y avoir surenchère», a-t-il cherché à argumenter. «Vos clientes ont changé depuis le début, toutes sans exception, leur version», a fait valoir M. Rozon.
Nie toujours tout en bloc
Il a à nouveau nié en bloc les allégations et témoignages non seulement des plaignantes, mais aussi des femmes venues témoigner de faits similaires vécus. «Je suis une cible. Je suis le symbole #metoo», a-t-il clamé, disant croire que le fait qu’il avait déjà plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle après un événement survenu au Manoir Rouville-Campbell en 1998 faisait de lui la cible parfaite.
Dans le cas des femmes venues témoigner contre lui-même si elles ne sont parmi les plaignantes, il d’abord placé celles-ci dans le cercle de la «coalition»: «Ce sont toutes des amies. (…) Elles ont des raisons personnelles de s’inventer cette vérité, ou de mentir ou professionnelles. Certaines mentent, d’autres se sont inventé une vérité.»
«Elles se sont influencées les unes les autres, elles se sont réunies. Il n’y a pas une histoire qui est semblable du début à la fin», a-t-il martelé.
Vengeance et solidarité
Il a lié l’intervention de l’animatrice Julie Snyder à une vengeance à la suite de la perte d’un important contrat dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal, dont il était commissaire, et d’une cabale qu’elle menait contre lui et Éric Salvail pour se tailler une place à la station de télévision V.
Son ancienne conjointe, Véronique Moreau, dont la sœur Sophie est au nombre des plaignantes, est venue témoigner de faits similaires «par solidarité avec sa sœur. Je ne sais pas si elle partage (l’argent des dommages que pourraient éventuellement accorder la Cour aux plaignantes) avec sa sœur.»
Dans le cas de la comédienne Salomé Corbo, par exemple, il affirme que son témoignage de faits similaires «a été inventé pour soutenir sa belle-mère», la plaignante Danie Frenette.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne