Élargir le rôle des IPS et mieux utiliser leur compétence aiderait le réseau de santé


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Élargir le rôle des infirmières en pratique avancée et utiliser pleinement leur champ de compétence dans le réseau de la santé pourrait faire une grande différence et aider à surmonter des obstacles. C'est en partie ce que prône l'OMS dans son Rapport sur l'état des soins infirmiers dans le monde 2025.
Parmi les nombreuses références de son document, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a cité une étude de l'Université McGill pour démontrer la plus-value d'étendre le rôle des infirmières en pratique avancée, dont les plus connues au Québec sont sans doute les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) couramment appelées «super infirmières».
L'étude a été dirigée par Kelley Kilpatrick, professeure agrégée à l’École des sciences infirmières Ingram de l’Université McGill. Il s'agit de la plus vaste étude jamais réalisée à l’échelle mondiale sur les soins dispensés par les infirmières et infirmiers en pratique avancée, ce qui inclut les IPS et les infirmières cliniciennes spécialisées.
«À la suite des résultats de notre revue de plusieurs projets de recherche, ça a clairement mis en évidence que la pratique des infirmières en pratique avancée, elle est très sécuritaire. C'est efficace, c'est efficient pour le système parce que ça réduit les effets néfastes pour les patients, et des complications sont évitées à cause d'une implication soutenue de la part de l'infirmière de pratique avancée. Le fait d'avoir des suivis fait en sorte qu'on peut attraper des complications plus tôt et éviter quelque chose de plus compliqué à soigner», expose Mme Kilpatrick.
Les infirmières en pratique avancée peuvent aussi avoir une contribution importante pour aider d'autres professionnels de la santé et renforcer leur capacité dans le but d'améliorer les soins aux patients. «L'OMS a clairement positionné le besoin de continuer à développer, parce que certains pays n'en ont pas, donc de développer et de continuer d'implanter à plus grande échelle des rôles de pratique avancée pour mieux répondre aux besoins de la clientèle», précise Mme Kilpatrick.
Pas d'enjeux pour la sécurité des patients
Dans ses travaux, la professeure a examiné la sécurité, l'efficacité et la qualité reliées aux soins. Globalement, on peut en conclure que les soins prodigués par les infirmières en pratique avancée étaient aussi bons, voire meilleurs que les soins standards souvent donnés par des médecins.
Mme Kilpatrick a été en mesure de constater que pour tous les indicateurs, les soins des infirmières en pratique avancée étaient au moins égaux «au comparateur, qui était souvent le médecin».
«Ça veut dire qu'au niveau de la sécurité, il n'y a pas de préoccupation à y avoir, puis il y a vraiment lieu de réfléchir à élargir les endroits, les milieux de soins ou encore les clientèles qui peuvent être pris en charge de façon autonome par des infirmières de pratique avancée», soulève l'experte.
Dans ses travaux portant sur le Québec, Mme Kilpatrick a démontré qu'un suivi régulier par des équipes avec des infirmières praticiennes, par exemple en ce qui a trait au soutien à domicile, ces équipes avaient des réductions au niveau des transferts vers l'urgence, moins de besoins d'être hospitalisé, ou encore des séjours plus courts d'hospitalisation.
Pour Mme Kilpatrick, il s'agit d'un investissement au niveau du système de santé. «Nos travaux ont aussi démontré que si les rôles sont moins bien utilisés ou encore la personne ne peut pas faire l'ensemble des activités qui sont dans son champ de pratique reconnu par la loi, on a de moins bons résultats», ajoute-t-elle.
Au Québec, il y a eu de récentes modifications réglementaires qui ont élargi le champ d'exercice des IPS, notamment pour les soins palliatifs et l'aide médicale à mourir. Mme Kilpatrick souligne toutefois qu'il y a un décalage entre le moment où un règlement change et ce qui se fait sentir sur le terrain. Elle estime qu'on devrait bientôt voir les effets de ces changements.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne