Des sociétés s'allient pour doter l'Alberta de petits réacteurs nucléaires modulaires
Des sociétés s'allient pour doter l'Alberta de petits réacteurs nucléaires modulaires


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Par La Presse Canadienne, 2024
Capital Power, à Edmonton, et Ontario Power Generation (OPG) s'associent pour évaluer la faisabilité du développement de petits réacteurs nucléaires modulaires pour aider à alimenter le réseau électrique de l'Alberta.
Lors d'une annonce lundi à Edmonton, les deux sociétés ont déclaré que les petits réacteurs modulaires (PRM) seront essentiels dans les années à venir si le Canada et l'Alberta veulent répondre à la demande croissante d'électricité propre.
Ils ont déclaré que l’évaluation de faisabilité s'échelonnerait sur deux ans et comprendrait l’exploration du déploiement des PRM à l’échelle du réseau en Alberta.
«Créer un système énergétique neutre en carbone qui donne la priorité à la fiabilité et à l'abordabilité tout en répondant à la demande croissante est l'une des transitions les plus importantes de notre époque», a déclaré Avik Dey, président de Capital Power, lors de l'annonce de lundi.
«L'énergie nucléaire est, et doit être, un élément essentiel de la transition vers une énergie propre et doit représenter une partie de notre parc de production d'électricité ici en Alberta, si nous voulons devenir carboneutres».
Les petits réacteurs modulaires sont un type de technologie nucléaire beaucoup plus petit, moins cher et plus rapide à construire qu'un réacteur nucléaire traditionnel. Ils sont entièrement évolutifs – généralement de l’ordre de 10 à quelques centaines de mégawatts – et peuvent être construits pour s’adapter à une grande variété d’applications.
Les PRM n’ont pas encore été testés à l’échelle commerciale, mais leurs promoteurs estiment que le temps est venu de le faire.
Ontario Power Generation construit déjà le premier parc de PRM en Amérique du Nord sur le site nucléaire de Darlington, en Ontario, et la première de quatre unités devrait être achevée d'ici 2028 et mise en service d'ici la fin de 2029.
L'année dernière, le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire de la Banque de l'infrastructure du Canada, s'est engagé à près d'un milliard $ dans le projet Darlington.
Bien que l'entreprise n'ait pas encore rendu publique une estimation du coût en capital de ses PRM de Darlington, le président d'Ontario Power Generation, Ken Hartwick, a déclaré que l'énergie nucléaire à petite échelle est beaucoup plus abordable qu'une centrale nucléaire conventionnelle et représente une occasion réaliste d'aider à décarboniser le réseau électrique du Canada.
«Je suis convaincu que c'est comparable (en termes de coût) à l'énergie éolienne, solaire, aux batteries ou à toute combinaison de ceux-ci», a déclaré Ken Hartwick, lundi.
«Avec l'Ontario et l'Alberta qui mènent la danse dans ce domaine, ainsi que d'autres provinces qui y réfléchissent (...) je pense vraiment que nous pouvons faire une différence.»
Au Canada, quatre provinces – le Nouveau-Brunswick, l'Ontario, la Saskatchewan et l'Alberta – ont convenu de collaborer à l'avancement des PRM en tant qu'option d'énergie propre, et des chercheurs canadiens travaillent sur de nouveaux matériaux et conceptions qui pourraient rendre les PRM efficaces dans un large éventail de domaines.
Une solution de rechange
Les PRM ont même été présentés comme une solution potentielle pour les sables bitumineux de l'Alberta.
L'annonce de lundi concernant les PRM survient après un week-end glacial en Alberta, qui a mis à rude épreuve la capacité de son système électrique. Le gestionnaire du réseau de la province a appelé les consommateurs à préserver l'électricité afin d'éviter des pannes d'électricité répétées.
Le ministre des Services publics de l'Alberta, Nathan Neudorf, a déclaré que la situation rappelait à quel point il sera important de garantir que le réseau électrique de la province dispose d'une bonne combinaison à l'avenir.
L'Alberta, qui n'a pas une grande capacité de production hydroélectrique, mais une empreinte éolienne et solaire en forte croissance, dépend toujours fortement des combustibles fossiles sous forme de gaz naturel pour la production d'électricité.
Les PRM sont attrayants, soutient Nathan Neudorf, car ils fournissent le type d’énergie de base constante qui sera nécessaire pour pallier des sources d’énergie propre plus intermittentes telles que l’énergie solaire et éolienne, à l’avenir.
«Les PRM joueront bientôt un rôle dans la croissance de notre économie et dans la réduction de nos émissions», a affirmé M. Neudorf.
«Je pense qu'il est tout à fait logique que l'Alberta se penche sur cette question, surtout compte tenu de son investissement dans les énergies renouvelables», a déclaré Jacquie Hoornweg, experte en énergie propre à l'Institut canadien des affaires mondiales.
«Avoir un petit réacteur modulaire au sein d'un système signifie que vous pouvez tirer le meilleur parti de vos énergies renouvelables lorsqu'elles fonctionnent, mais vous disposez de cette capacité de charge de base ou de suivi de charge qui est également à faible émission de carbone.»
Les défis auxquels est confronté le déploiement des PRM au Canada comprennent les obstacles réglementaires, ainsi que la question de savoir si les projets à l'échelle commerciale peuvent être réalisés en conformité avec le budget. Récemment, une société basée en Oregon appelée NuScale a annulé un projet de PRM au sud de la frontière, invoquant des inquiétudes concernant l'escalade des coûts.
Selon Jacquie Hoornweg, le véritable attrait de la technologie réside dans la manière dont elle peut être augmentée ou réduite selon les besoins.
«Il y a certainement beaucoup d'endroits en Alberta qui ne pourront peut-être pas bénéficier d'un réacteur à l'échelle traditionnelle, mais il existe de nombreux centres régionaux ainsi que de nombreuses utilisations hors réseau ou à des fins très précises, où un petit réacteur modulaire aurait beaucoup de sens», a-t-elle déclaré.
Amanda Stephenson, La Presse Canadienne