Des poissons de plus en plus en danger en raison des barrages hydroélectriques


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Par La Presse Canadienne, 2025
MONTRÉAL — L'énergie produite par les barrages hydroélectriques est peut-être moins verte qu'on le pense, affectant de nombreuses espèces aquatiques qui risquent de perdre leur habitat naturel, selon une récente étude.
«Les barrages hydroélectriques produisent de l'énergie faible en carbone, ce qui en fait une énergie verte du point de vue climatique. Mais sur le plan écologique, notamment pour la biodiversité, les impacts sont bien réels», a expliqué Habiboulaye Gano, étudiant à la maîtrise en sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
«Il faudrait quand même qu'il y ait une nuance par rapport à cette appellation», a-t-il avancé.
Pour produire de l'énergie avec un barrage, il est nécessaire de gérer les débits d'eau selon la demande en électricité, ce qui ne correspond pas aux besoins des écosystèmes dans les rivières québécoises.
De juin à septembre, l'eau est généralement retenue dans des réservoirs afin de la conserver pour les mois plus froids, où le besoin en électricité des ménages augmente.
«Cela entraîne des débits faibles en aval au moment où les poissons ont justement besoin d'eau pour se reproduire, se nourrir et survivre», a indiqué M. Gano.
Et la situation en hiver joue également sur les écosystèmes, puisque l'eau qui est relâchée provoque des crues artificielles, «contrairement au régime naturel où les rivières sont habituellement basses et gelées», a-t-il précisé.
Plusieurs espèces bien connues de nos rivières se retrouvent menacées par cette gestion de l'eau. C'est le cas de l'omble de fontaine, qui aime l'eau froide et se reproduire en hiver, a souligné M. Gano.
Le meunier noir et rouge est aussi affecté par les variations rapides de débit.
«Dans plusieurs rivières, il y a des populations d'espèces sensibles qui sont en déclin, où l'on voit une baisse des densités de poissons et une perte de diversité dans certaines espèces», a résumé l'auteur de l'étude.
Selon lui, certains cours d'eau sont aussi plus sensibles à ces variations, notamment la rivière Saint-Maurice en aval du barrage Gouin et la rivière Gatineau en aval du barrage Cabonga.
Des solutions suffisantes?
Des pratiques de gestion ont été mises en place pour limiter les impacts sur l'environnement, comme les passes migratoires qui permettent à certains poissons de traverser les barrages. Leurs résultats sont toutefois variables, a noté M. Gano.
Les débits réservés écologiques, qui dictent le minimum d'eau qui doit être maintenu dans les rivières pour assurer la survie des écosystèmes aquatiques, sont encore plus cruciaux.
Selon M. Gano, ces débits minimums ne sont toutefois pas tout le temps respectés.
«Les solutions sont là, mais elles sont insuffisantes», a-t-il estimé.
Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne