Des organismes veulent que la santé soit au cœur des préoccupations des PM


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Alors que les premiers ministres du Canada se réunissent en Ontario pour discuter de droits de douane et de commerce, des organisations en santé tentent de faire passer leurs propres messages afin de s'assurer que le fragile système de santé du pays demeure à l'ordre du jour.
«Le gouvernement s'est concentré sur l'économie du pays, et nous essayons de souligner que l'atout le plus précieux d'un gouvernement est d'avoir une communauté en santé. Or, une communauté en santé mène à une économie en santé», a souligné la Dre Margot Burnell, présidente de l'Association médicale canadienne (AMC).
La crise postpandémique des soins de santé a occupé une place centrale au Conseil de la fédération ces dernières années, les premiers ministres ayant fait pression sur Ottawa pour obtenir un financement accru.
Des organismes craignent cependant que les pénuries de personnel et les longs délais d'attente dans le système de santé passent au second plan cette année, les premiers ministres se concentrant sur l'économie.
Le secteur de la santé emploie quelque trois millions de personnes et contribue à l'économie à hauteur de milliards de dollars, selon la Dre Burnell. Les dépenses en santé représentent également une part importante des budgets provinciaux et territoriaux.
Un permis pancanadien réclamé
L'AMC et l'Association des infirmières et infirmiers du Canada s'efforcent de convaincre les premiers ministres d'harmoniser leurs systèmes d'agrément afin d'éliminer les obstacles interprovinciaux à la mobilité de la main-d'œuvre.
La Loi sur l'unité de l'économie canadienne du gouvernement comprenait des dispositions visant à garantir la reconnaissance des permis et certifications provinciaux et territoriaux au niveau fédéral ainsi qu'à faciliter l'obtention d'un permis fédéral pour les travailleurs.
Elle n'a apporté aucune modification de ce type à l'agrément des médecins en santé, qui relève des provinces.
L'AMC réclame depuis longtemps un permis pancanadien pour les médecins, ce qui, selon elle, permettrait à un plus grand nombre de médecins de travailler dans les régions rurales et éloignées du pays sans avoir à passer par le long et coûteux processus de demande dans d'autres provinces.
De nombreux médecins ont du mal à trouver du personnel de remplacement lorsqu'ils prennent des vacances ou un congé parental, a indiqué l'association.
Les provinces de l'Atlantique se sont regroupées pour créer un système de registre qui permet aux médecins de n'importe où dans la région de faire reconnaître leur permis dans les quatre provinces.
L'AMC estime que cette question suscite beaucoup d'intérêt, selon la Dre Burnell.
«Nous avons discuté de ce sujet avec plusieurs ministres, tant au niveau fédéral que provincial. Je pense donc que nous pouvons réunir une table ronde pour tenter de faire avancer les choses», a-t-elle expliqué.
L'association nationale représentant les infirmières et infirmiers fait pression pour obtenir des changements similaires.
«La fragmentation des permis d’exercice et des règles de réglementation en soins infirmiers nuit à la mobilité de notre main-d’œuvre en santé et retarde l’accès aux soins», a avancé Kimberly LeBlanc, présidente de l'Association des infirmières et infirmiers du Canada, dans un communiqué de presse.
«Une approche coordonnée permettrait non seulement d’améliorer l’accès aux services de santé, mais aussi de soutenir une économie plus agile et concurrentielle», a-t-elle ajouté.
Steven Staples, directeur national des politiques de la Coalition canadienne de la santé, a indiqué qu'il y avait un plus grand esprit de collaboration entre les premiers ministres et le gouvernement fédéral qu'il n'en avait vu ces dernières années.
«Les Canadiens aiment voir nos politiciens coopérer sur des questions d'intérêt national, et cela s'étend aux soins de santé. Nous souhaitons donc voir cet esprit de collaboration», a-t-il mentionné.
M. Staples a précisé que son groupe souhaite souligner la nécessité d'un système public de santé solide en période de turbulences économiques.
La Coalition canadienne de la santé tente aussi de comprendre la lenteur de l'adoption du programme fédéral d'assurance-médicaments, dont la première phase est en cours.
Seuls la Colombie-Britannique, le Manitoba, l'Île-du-Prince-Édouard et le Yukon ont signé des ententes avec Ottawa pour financer le coût des contraceptifs et des médicaments contre le diabète gratuits. Bien que M. Staples juge que les élections fédérales du printemps étaient probablement un facteur, il a souligné que les négociations étaient en cours avant cela.
La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a fait campagne en promettant de couvrir le coût des contraceptifs, mais n'a pas encore signé d'entente avec le gouvernement fédéral.
«Alors pourquoi le Nouveau-Brunswick laisse-t-il environ 136 millions $ sur la table ? Nous l'ignorons et nous voulons le savoir», a soutenu M. Staples.
Sarah Ritchie, La Presse Canadienne