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Des organismes demandent aux partis d'augmenter la taxe provinciale sur le tabac

durée 05h35
12 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Plusieurs organisations en santé font front commun pour réclamer des mesures pour lutter contre le tabagisme au Québec. À l’occasion de la campagne électorale, elles interpellent les partis afin qu’ils dévoilent leurs engagements dans ce domaine de santé publique. 

Aucun des cinq principaux partis n’a présenté de mesures en lien avec la lutte contre le tabagisme dans sa plateforme électorale, ce que déplore la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac et d’autres organismes, dont la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, la Société canadienne du cancer, l’Association pour la santé publique du Québec et l’Association pulmonaire du Québec.  

Le Québec comptait près d’un million de fumeurs en 2021, soit 13,3 % de sa population âgée de 12 ans et plus, selon Statistique Canada. Ces chiffres en font une des provinces au Canada dénombrant le plus de fumeurs, avec celles de l’Atlantique. 

Pour la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, un des moyens de lutter contre le tabagisme serait d’augmenter la taxe provinciale sur le tabac. Actuellement, le Québec a la plus basse taxation au Canada et la Coalition recommande d’atteindre au moins le niveau de l’Ontario, qui a la deuxième taxe la plus faible au pays.  

Dans une lettre adressée aux chefs des principaux partis la semaine dernière, la Coalition explique qu’une hausse initiale de 7 $ la cartouche se solderait par 18 000 fumeurs en moins et 185 millions $ en revenus annuels supplémentaires. Après trois hausses sur cinq ans jusqu’au même niveau que l’Ontario, il y aurait 36 000 fumeurs de moins et 1,5 milliard $ de revenus, estime-t-elle. 

Selon le Conseil québécois sur le tabac et la santé, qui est aussi signataire de la lettre, 13 000 Québécois meurent chaque année à cause du tabac, soit en moyenne 35 personnes chaque jour, ce qui est deux fois plus que les décès liés à la COVID-19.  

Une modification de la loi demandée

Les organismes réclament aussi une révision de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, qui n’a pas été modifiée depuis 2015. 

«On fait face au mythe que le tabagisme a été réglé. C’est sûr qu’on a fait des progrès, mais il est important de rappeler que le tabagisme demeure un fardeau énorme sur le système de santé, étant responsable pour 30 % des cancers, étant un facteur de risque très important pour les maladies cardiovasculaires», souligne la codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Flory Doucas.  

Mme Doucas juge troublant que cette cause de décès majeure ne fasse pas partie des plateformes électorales des partis. 

«Dans le contexte de la COVID, on a vu la fragilité et la précarité de notre système de santé. On demeure extrêmement perplexe face au fait qu’on ne voit pas les partis s’engager pour lutter plus efficacement et robustement face au tabagisme, puis (contre) la nouvelle épidémie qu’on voit devant nous, qui est le vapotage chez les jeunes», ajoute-t-elle.  

Les signataires de la lettre demandent aussi une interdiction des saveurs de vapotage, incluant la menthe et le menthol, pour contrer le vapotage chez les jeunes. 

«Il y a eu une époque où il y avait des cigarillos aromatisés aux fruits, à la menthe, etc. Et ça avait contribué à la hausse de la popularité de l’usage de ces produits chez les jeunes, rappelle Mme Doucas. Et quand on est intervenu sur les saveurs, on a vu une baisse de la consommation auprès de cette clientèle-là.» 

Les partis misent sur la prévention 

Interpellés par La Presse Canadienne, les principaux partis ont souligné l’importance de la lutte contre le tabagisme, sans s’engager à modifier la taxe provinciale sur le tabac.  

«On a beaucoup agi dans le dernier quatre ans, entre autres au niveau des campagnes de promotion, indique le chef de la Coalition avenir Québec et premier ministre sortant, François Legault. Il y a eu effectivement une baisse des personnes qui fument ou qui vapotent et j'(en) suis content. Mais pour l’instant, on n’a aucune intention d’augmenter les taxes, quelles qu’elles soient.» 

Le Parti libéral du Québec dit quant à lui avoir «eu l’occasion de discuter avec des représentants de différents organismes, notamment de l’importance d’agir de façon concertée et cohérente sur la base de données probantes afin d’obtenir le meilleur impact vis-à-vis notre objectif commun, soit la réduction du tabagisme.»

«Nous sommes disposés à regarder l’ensemble des mesures pouvant nous permettre de réduire la consommation de tabac au Québec, y compris celle d’imposer des frais de recouvrement aux fabricants de tabac», ajoute le parti dans un courriel, spécifiant qu’un gouvernement libéral entreprendra des discussions avec les Québécois. 

Du côté de Québec solidaire (QS), on estime que «la lutte contre le tabagisme passe par des campagnes de sensibilisation menées par une santé publique réellement indépendante et revalorisée», précise le parti dans un courriel.  

QS n’entend néanmoins pas modifier la Loi concernant la lutte contre le tabagisme ni la taxe provinciale. 

«En ce qui concerne le vapotage, les autorités publiques devraient scruter la promotion de produits qui amène les jeunes à augmenter leur consommation. Un gouvernement solidaire mettra en place des programmes de prévention, d’éducation, de santé et de bien-être dès le plus jeune âge afin de limiter les facteurs de risque au développement de dépendance», ajoute le parti.  

Le Parti québécois indique qu’il ne modifiera pas la taxe, «pour ne pas augmenter le fardeau financier en contexte d’inflation».  

«Le Parti Québécois reconnaît que le tabagisme est la première cause de décès évitable au Québec et nous nous engageons à miser sur la prévention et à envisager l’imposition de frais de recouvrement supplémentaires aux fabricants de tabac. Le Parti compte mener en priorité des campagnes de sensibilisation», explique la formation dans un courriel.  

Le Parti conservateur du Québec n’a pas répondu aux demandes de La Presse Canadienne.  

— Avec des informations de Caroline Plante.

Johanna Pellus, La Presse Canadienne