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Des groupes autochtones déplorent l'argent versé à la Nation métisse de l'Ontario

durée 12h38
10 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Les Premières Nations de l'Ontario et la Fédération des Métis du Manitoba (FMM) affirment que près d'un milliard de dollars de financement fédéral ont été versés à un groupe qui, selon elles, revendique frauduleusement l'identité métisse.

Les Chefs de l'Ontario, qui représentent 133 Premières Nations de la province, ont partagé avec La Presse Canadienne des données sur plus de 20 ans de financement fédéral accordé à la Nation métisse de l'Ontario (MNO).

Ces données montrent que 819 836 061 $ ont été versés par Ottawa à la MNO, une organisation qui, selon les dirigeants des Premières Nations, n'a aucune légitimité et menace leurs droits.

«Ces données montrent à quel point les Premières Nations de l'Ontario subissent un préjudice grave en raison du détournement de fonds gouvernementaux vers la MNO, au détriment de leurs besoins et d'autres groupes légitimes. Pourquoi la Couronne verse-t-elle des centaines de millions de dollars à la MNO alors que des preuves accablantes contredisent ses affirmations?», ont déclaré les Chefs de l'Ontario dans un communiqué de presse.

Les données indiquent que l'argent provenait de plusieurs ministères fédéraux, dont Services aux Autochtones Canada, Relations Couronne-Autochtones, Parcs Canada et Environnement et Changement climatique Canada. La MNO a également reçu des fonds de la Commission canadienne de sûreté nucléaire et de l'Agence d'évaluation d'impact concernant les impacts potentiels des projets sur leurs communautés.

Le conflit entre les Premières Nations, certains groupes métis et la MNO découle d'une décision prise en 2017 par le gouvernement de l'Ontario de reconnaître six «nouvelles communautés métisses historiques» dans la province, ainsi que d'un projet de loi fédéral de 2023, jamais adopté, qui aurait affirmé le droit de la MNO à l'autonomie gouvernementale.

Les Premières Nations et d'autres groupes métis affirment que les communautés représentées par la MNO n'ont aucun droit de revendiquer leur héritage métis et qu'Ottawa et l'Ontario n'ont aucun droit de les reconnaître.

Le mois dernier, Leila Inksetter, professeure d'histoire à l'Université du Québec à Montréal, a publié un rapport rédigé pour le compte du Conseil tribal Wabun, dans lequel elle conclut qu'il n’y a aucune preuve de l'existence d'une communauté d'ascendance mixte sur le territoire du Conseil tribal Wabun, situé dans le nord-est de l'Ontario. La MNO a rejeté ce rapport, affirmant que, malgré des années de tentatives extérieures pour la «discréditer», «rien n'a changé».

«Les faits historiques ne changeront pas parce qu'un nouvel expert a été payé pour colporter le même déni des Métis», a déclaré le groupe dans un communiqué de presse.

La MNO a cité une décision de 2003 de la Cour suprême du Canada reconnaissant une communauté métisse à Sault Ste. Marie, en Ontario, et dans ses environs. L'affaire n'a pas porté sur les six nouvelles communautés reconnues en 2017, mais plutôt sur ce qui pourrait constituer un droit métis.

Un autre rapport, publié le mois dernier et commandé par la Nation ojibwée de Saugeen, a également conclu qu'il n'y a aucune preuve de l'existence d'une communauté métisse distincte sur son territoire.

«Les preuves historiques ne soutiennent tout simplement pas cette affirmation», peut-on lire dans le rapport de près de 200 pages, rédigé par deux historiens de l'Université de Toronto.

Bien que le rapport indique qu'il y avait «certainement des personnes et des familles d'ascendance mixte» dans la région, cela ne peut pas constituer le fondement d'une revendication d'une communauté distincte sur le territoire de la Nation ojibwée de Saugeen.

Les Chefs de l'Ontario soulignent que la recherche universitaire «ne fait que réaffirmer la réalité».

Des conflits ouverts

«Il est extrêmement décevant que le Canada et l'Ontario n'aient pas effectué de recherches adéquates avant de reconnaître la MNO. Non seulement l'Ontario et le Canada refusent de consulter les Premières Nations, mais ils refusent également de partager les recherches sur lesquelles ils se sont appuyés, de reconnaître le corpus croissant de recherches et de prendre des mesures pour corriger leurs erreurs», ont-ils déploré dans un communiqué de presse.

L'an dernier, des conflits ouverts concernant les revendications du patrimoine métis ont failli déchirer le Ralliement national des Métis, qui était autrefois la voix nationale des Métis, mais qui ne compte plus que deux membres provinciaux.

La Nation métisse de la Saskatchewan s'est retirée du Ralliement national des Métis en septembre dernier, invoquant des préoccupations concernant la MNO et affirmant que le conseil n'avait pas assuré l'intégrité de son registre de citoyenneté.

La Nation métisse de la Colombie-Britannique s'est retirée du conseil peu après, disant avoir perdu confiance dans sa capacité à servir d'organisme national de défense des droits.

Ce départ est survenu des années après celui de la Fédération des Métis du Manitoba, invoquant des raisons similaires.

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne