D'ex-employés et candidats de QS dénoncent la vision de Gabriel Nadeau-Dubois
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Une quarantaine d'employés, de candidats et de militants de Québec solidaire (QS), actuels ou anciens, de même que l'ex-députée Catherine Dorion, publient jeudi matin une lettre ouverte pour s'opposer au virage «pragmatique» que propose le porte-parole masculin de la formation, Gabriel Nadeau-Dubois.
Selon les signataires de la lettre, publiée dans «La Presse», la vision de M. Nadeau-Dubois concernant l'avenir de QS n'est pas la bonne, puisque le parti a été fondé dans l'idée même de former une option s'inscrivant à l'extérieur des standards de la politique.
«Se cantonner dans les institutions parlementaires actuelles ainsi que dans la soumission aux exigences médiatiques et algorithmiques, ça serait l’équivalent d’attendre par magie qu’un mouvement social fort se lève et que QS puisse simplement s’en faire le relais à l’Assemblée nationale», dénoncent les signataires.
Dans la foulée de la démission d'Émilise Lessard-Therrien, qui avait été élue porte-parole féminine du parti il y a moins d'un an, M. Nadeau-Dubois avait fait valoir qu'une refonte complète du programme et de la structure de QS s'imposait, afin qu'il puisse devenir un «parti de gouvernement».
Dans leur lettre, les signataires soutiennent que cette vision est erronée, et qu'elle ne correspond pas aux valeurs profondes de QS qui ont fait en sorte qu'ils ont accepté de consacrer «temps, charge mentale, sueur, foi, et une grande quantité d’efforts résolus et sincères».
À leur avis, adopter une approche «pragmatique» est une stratégie vouée à l'échec, puisque ce type de positionnement «se fait doubler partout en Occident par une droite qui n’a pas peur de soulever des foules et de déplacer le cadrage du débat politique vers la droite».
«Où nous mènera ce choix craintif de se tenir dans les limites du "pragmatisme" dictées par les élites médiatiques et économiques? Notre ambition est beaucoup plus grande que ça», plaident-ils.
Si les signataires sont d'accord avec le fait que QS doit pour avoir comme ambition de prendre le pouvoir, ce ne doit pas être pour «l’occuper tranquillement en y passant les quelques projets de loi que les élites dominantes voudront bien nous laisser passer».
«C’est pour reprendre ce pouvoir à bras-le-corps et le faire redescendre vers le peuple; c’est pour réinventer du tout au tout notre démocratie en faillite; c’est pour réécrire à partir de zéro une Constitution nouvelle, celle d’un Québec indépendant qui soit en phase avec ce mouvement social chauffé à bloc auquel nous aurions œuvré au meilleur de nos capacités. En phase avec le peuple, pour une fois», écrivent-ils.
«Et ça, ça ne se fera pas dans les limites de ce que les commentateurs média ou les évêques de la finance jugent "réaliste". Ça ne se fera pas avec un seul discoureur habile ou avec une seule petite clique. Ça se fera avec beaucoup, beaucoup de monde. C’est au travail de rassembler cette immense gang-là pas seulement dans l’urne, mais aussi dans la vraie vie, qu’il faudrait que QS s’attelle», selon eux.
La Presse Canadienne