«Convoi de la liberté»: début du processus de sentence pour Lich et Barber


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — L'audience de détermination de la peine de Tamara Lich et Chris Barber, deux organisateurs des manifestations du «convoi de la liberté», s'amorce mercredi matin, plusieurs mois après que les deux ont été reconnus coupables de méfait.
Deux jours ont été réservés pour que les parties présentent leurs observations sur la peine.
Le ministère public réclame une peine de sept ans d'emprisonnement pour Mme Lich et de huit ans pour M. Barber, qui a également été reconnu coupable d'avoir incité d'autres personnes à désobéir à une ordonnance du tribunal.
Tamara Lich et Chris Barber étaient des figures clés du «convoi de la liberté», un rassemblement lors duquel des manifestants ont occupé le centre-ville d'Ottawa pendant trois semaines à partir de la fin janvier 2022 pour protester contre les obligations de vaccination et d'autres mesures liées à la pandémie de COVID-19.
La manifestation a pris fin lorsque le gouvernement fédéral a invoqué la Loi sur les mesures d'urgence pour la première fois de son histoire. Le convoi a été évacué du centre-ville d'Ottawa lors d'une opération policière de trois jours qui a commencé le 18 février.
La juge Heather Perkins-McVey, de la Cour de l'Ontario, a expliqué qu'elle avait reconnu Mme Lich et M. Barber coupables de méfait parce qu'ils avaient régulièrement encouragé des gens à se joindre à la manifestation ou à y rester, tout en sachant les effets néfastes qu'elle avait sur les résidants et les commerces du centre-ville d'Ottawa.
M. Barber a également été reconnu coupable d'avoir incité d'autres personnes à désobéir à une ordonnance du tribunal en leur disant d'ignorer l'injonction d'un juge ordonnant aux participants du «convoi» de cesser de klaxonner. Mme Lich n'a pas été accusée de cette infraction.
Dans un procès distinct, celui de Pat King, un autre organisateur du «convoi», le ministère public avait requis une peine de 10 ans de prison pour méfait et désobéissance à une ordonnance du tribunal.
M. King a été condamné en février à trois mois d'assignation à résidence, 100 heures de travaux d'intérêt général dans une banque alimentaire ou un refuge pour hommes et un an de probation.
Il a bénéficié d'un crédit de neuf mois pour le temps déjà passé en détention avant sa condamnation.
Poilievre se prononce
Le chef conservateur Pierre Poilievre a critiqué les propositions de peine de la Couronne pour Mme Lich et M. Barber. Dans un message publié lundi sur les réseaux sociaux, M. Poilievre a comparé la fourchette des peines à celles infligées pour d'autres crimes et a demandé: «Où est la justice?»
Bien qu'il soit assez rare que des élus commentent directement une audience de détermination de la peine, le message de M. Poilievre a été repris par plusieurs autres députés conservateurs.
La cheffe adjointe du Parti conservateur, Melissa Lantsman, a qualifié la peine proposée par le ministère public de «vengeance politique».
Certains conservateurs, dont M. Poilievre, ont ouvertement soutenu le «convoi de la liberté» alors que des camions et d'autres véhicules bloquaient les rues autour de la colline du Parlement.
Mme Lich et M. Barber ont tous deux remercié M. Poilievre pour son soutien dans des messages publiés séparément sur les réseaux sociaux.
«Il existe une ligne fine entre la politique et le pouvoir judiciaire, comme il se doit, et je comprends depuis longtemps la position inconfortable dans laquelle se trouvent les élus lorsqu'il s'agit de commenter des affaires dont les tribunaux sont saisis», a souligné Mme Lich mardi.
«Dans notre cas, le double standard et la nature vindicative du ministère public sont devenus trop évidents pour être ignorés et créeront un précédent qui affectera tous les Canadiens qui choisissent de manifester pacifiquement ou les dissuadera d'exercer leur droit constitutionnel de se réunir pacifiquement.»
«Merci, Pierre, nous attendions depuis si longtemps que des élus prennent la parole», a pour sa part écrit M. Barber.
M. Poilievre a perdu son siège dans la région d'Ottawa lors des élections d'avril et se présente à une élection partielle en Alberta.
Non coupables de certaines accusations
Mme Lich et M. Barber ont tous deux été déclarés non coupables d’intimidation, d’entrave au travail des policiers et d'avoir incité une autre personne à commettre une infraction.
La juge Perkins-McVey a fait valoir que l'intimidation comporte un sentiment de menace ou de violence. Elle a ajouté que Mme Lich et M. Barber ont tous deux appelé à plusieurs reprises les manifestants à rester pacifiques tout au long de la manifestation.
En ce qui concerne l'entrave au travail des policiers, la juge Perkins-McVey a noté que les deux accusés avaient été arrêtés sans incident et placés en garde à vue avant le début de l'opération policière visant à évacuer le centre-ville d'Ottawa.
Les accusations d’avoir conseillé à d’autres personnes de commettre un méfait ont été suspendues à la demande du ministère public.
David Baxter, La Presse Canadienne