Commission sur les écrans et les jeunes: le rapport bien accueilli par les experts


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le rapport de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes, qui a été déposé jeudi, reçoit un accueil positif des experts.
La commission transpartisane suggère notamment que le gouvernement du Québec mette en place une stratégie nationale d’information et de sensibilisation concernant les recommandations en matière d’utilisation des écrans afin d’encourager les parents à les respecter.
Cette mesure outillerait aussi les parents et les autres intervenants qui gravitent autour des jeunes «sur la façon de développer un rapport sain au numérique en soulignant les ressources et outils déjà disponibles, comme ceux offerts par Tel-Jeunes, Tel-Jeunes Parents, Capsana et nousParents».
«À l'Observatoire des tout-petits, on se réjouit vraiment de ce rapport, indique la directrice Julie Cailliau. Parce qu'en fait, on y trouve plusieurs recommandations qui pourraient être bénéfiques pour le développement des enfants de 0-5 ans, et c'est vraiment là notre préoccupation.»
Elle se réjouit particulièrement de la recommandation de documenter davantage la situation sur l'utilisation des écrans auprès des enfants, qui était l'une des pistes de solutions que l'Observatoire des tout-petits avait identifiées dans son mémoire.
Le rapport positionne l'utilisation des écrans comme un enjeu de société qui interpelle différents acteurs. «Oui, c'est la responsabilité des parents, mais pas seulement. Il y a toutes sortes d'acteurs dans la société, que ce soit dans le réseau d'éducation, le réseau des services de garde, le réseau de la santé, qui peuvent jouer un rôle pour protéger les enfants des risques que représentent les écrans pour leur développement», mentionne Mme Cailliau.
La période 0-5 ans est un moment charnière pour le développement de l'enfant. C'est pendant ces années que les enfants apprennent à se concentrer, à gérer leurs émotions, leurs pensées et leurs comportements, à emmagasiner des connaissances et à résoudre des problèmes. Un temps d'écran trop élevé chez les bambins a pour effet de remplacer des activités essentielles à leur développement cognitif, physique et moteur, telles que les interactions sociales et la découverte de leur environnement.
Intégrer la compétence numérique dans les cours
Parmi les 56 recommandations du rapport, une qui retient l'attention est la majorité numérique à 14 ans. Les élus suggèrent ainsi que les jeunes de moins de 14 ans ne devraient pas pouvoir s'inscrire sur les réseaux sociaux sans le consentement de leurs parents.
La recommandation numéro 9 incite par ailleurs les parents à faire preuve d'exemplarité en matière de temps d'écran. On souhaite entre autres que les parents évitent d'exposer les enfants aux écrans avant l'heure du coucher; qu'ils accompagnent les plus jeunes lors des temps d'écran; qu'ils évitent complètement les écrans lors des soupers ou autres activités communes; qu'ils développent chez leurs enfants un sens critique envers les réseaux sociaux, notamment en ce qui a trait à la prise de photos et de vidéos avec des outils non sécurisés sur des plateformes numériques.
Le gouvernement du Québec est aussi sollicité dans le rapport afin qu'il mette à jour le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ), le Cadre de référence de la compétence numérique et la Politique d’évaluation des apprentissages pour «tracer clairement la voie à suivre» pour les enseignants. On demande aussi au gouvernement d'inclure la compétence numérique comme contenu obligatoire, en attendant son intégration complète dans les programmes du PFEQ.
Rappelons que le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a déjà fait savoir qu'il irait de l'avant avec l'interdiction du téléphone cellulaire partout dans l'école, y compris sur le terrain de l'école, comme l'avait indiqué la commission dans son rapport intérimaire déposé en avril.
Les élus ont entrepris leurs travaux en septembre 2024 et Mme Cailliau a bon espoir pour la suite des choses. «Aujourd'hui, avec le rapport de la commission, on voit qu'on a fait beaucoup de chemin, puis qu'on a commencé à transformer notre point de vue collectif sur le sujet des écrans en lien avec le développement des enfants. Puis là, on semble être prêt à agir collectivement. Je pense qu'il y a une certaine maturité qu'on a gagnée comme société sur cette question», conclut-elle.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne