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Cancer: percée en immunothérapie à Montréal

durée 11h36
12 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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2 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Des travaux réalisés à Montréal pourraient un jour offrir aux médecins une nouvelle arme quand vient le temps d'activer le système immunitaire face au cancer.

L'équipe du docteur André Veillette, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, a ainsi identifié une molécule dont l'inactivation permet à des composantes du système immunitaire, les macrophages, de reconnaître et d'attaquer les cellules cancéreuses.

Des expériences en laboratoire ont ensuite permis d’éliminer des cancers de type leucémie et lymphome dans des modèles de souris.

Les cellules cancéreuses, a expliqué le docteur Veillette, disposent d'une capacité à «endormir» le système immunitaire, ce qui leur permet ensuite de proliférer à leur guise. Il est toutefois possible de contourner le problème en administrant au patient ce que les scientifiques appellent des «inhibiteurs de point de contrôle» pour permettre au système immunitaire de faire son travail.

«Les macrophages sont des cellules qui ont la capacité de bouffer des cellules cancéreuses complètes et de les détruire, a-t-il dit. Il y a eu certains succès avec des agents qui ciblaient une autre molécule, (...) mais nous, on a voulu en identifier d'autres parce que les succès avec ces traitements n'étaient pas universels pour tous les cancers.»

Le domaine de l'immunothérapie est en pleine ébullition et est à l'origine des percées les plus prometteuses réalisées dans la lutte contre le cancer depuis une dizaine d'années.

Ces travaux réalisés par l'étudiant Jiaxin Li comptent toutefois parmi les premiers à réussir à mobiliser avec succès les macrophages dans la lutte contre le cancer. Les autres percées réalisées en immunothérapie portaient principalement sur d'autres composantes du système immunitaire, les lymphocytes T.

La nouvelle étude, soulignent les auteurs, démontre donc «la nécessité cruciale de poursuivre les recherches sur les mécanismes qui régulent les fonctions des cellules immunitaires, afin de mieux les exploiter pour développer des stratégies thérapeutiques efficaces et plus sûres contre les maladies humaines».

L'équipe du docteur Veillette a constaté qu'en bloquant avec des anticorps la molécule CD200R1 qui est exprimée à la surface des cellules cancéreuses, on permet aux macrophages de les repérer et de les attaquer.

«On a identifié CD200R1 comme étant un point de contrôle immunitaire qui supprime la capacité des macrophages à faire (leur travail), a-t-il dit. Puis on a démontré que quand on bloquait ça avec des anticorps, on augmentait la capacité des macrophages à éliminer les cellules cancéreuses dans des boîtes de pétri ou dans des modèles de souris.»

Les chercheurs poursuivent maintenant leurs travaux pour identifier des anticorps encore plus efficaces face à CD200R1, même si l'efficacité de ceux dont ils disposent en ce moment est «claire».

Reste maintenant à espérer que les succès pré-cliniques se transposeront chez l'humain.

«Ça fait dix ans qu'on travaille là-dessus, a conclu le docteur Veillette. Ce n'était pas évident, surtout pendant la pandémie, mais l'étudiant a persisté. J'espère vraiment que ça va donner quelque chose.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par Nature Communications.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne