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Blanchet juge «très possibles» des élections fédérales avant l'automne 2026

durée 04h30
12 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le chef bloquiste Yves-François Blanchet juge «très possible» qu'il se retrouve en campagne électorale avant l'automne 2026, c'est-à-dire quand sa formation politique sœur, le Parti québécois, sera en pleine opération séduction pour tenter de former le prochain gouvernement du Québec.

«Je n’irais pas jusqu'à (dire) très probable, mais survivre au printemps sera un grand défi pour les libéraux», dit M. Blanchet au sujet des troupes du premier ministre fédéral, Mark Carney.

Le Parti québécois sera assurément en campagne électorale à l'automne prochain, puisque des élections provinciales sont prévues.

Le chef du Bloc québécois, à l'approche de 2026, anticipe qu'il pourrait aussi se retrouver à bientôt faire du porte-à-porte étant donné le bilan des libéraux qu'il déplore.

«Tout est possible. Tout est vraisemblable en termes de scénarios», ajoute-t-il au cours d'une entrevue de fin d'année accordée à La Presse Canadienne. M. Blanchet arrive à ce constat parce que, selon lui, les libéraux «n'ont pas eu la prudence de se faire des amis».

Par amis, il veut parler de partenaires de danse que doit forcément se trouver, au cas par cas, tout gouvernement minoritaire pour faire avancer son agenda législatif...de même que pour survivre à chaque vote de confiance qui se présente.

«Je ne vois pas un gouvernement qui ménage sa propre durée», tranche M. Blanchet. Selon lui, les libéraux n'ont pas montré de réelle ouverture, jusqu'à présent, pour acquiescer aux demandes du Bloc afin que la formation politique appuie le projet de loi de mise en œuvre du budget 2025, C-15.

Les libéraux ont survécu en novembre à un vote de confiance sur le budget, mais d'autres viendront plus tard dans l'étude parlementaire de la pièce législative.

«S'il ne fait pas attention, il va se noyer»

Ce moment où un vote de confiance fatidique viendrait pourrait survenir au printemps, estime le Bloc, mais le gouvernement Carney pourrait se retrouver «particulièrement vulnérable dès le début de l'année 2026».

Cette vulnérabilité pourrait notamment être alimentée par «les soubresauts actuels du parti libéral, tant à l'interne que dans l'opinion publique», croit M. Blanchet. Il souligne que l'écologiste notoire Steven Guilbeault a claqué la porte du cabinet en raison de l'abandon, par les libéraux, de nouvelles mesures visant à répondre aux changements climatiques.

Le chef bloquiste estime aussi que M. Carney baisse dans l'estime des électeurs puisqu'il n'a pas livré la marchandise sur les principales promesses qu'il a faites en campagne électorale, comme celle de résoudre le conflit commercial avec l'administration américaine de Donald Trump.

«Il ne faut pas promettre des choses qu'on ne peut pas livrer. Ce qui fait qu'au début de son mandat, Mark Carney marchait sur l'eau. Maintenant il est aux genoux, pis ça s'en va vers la taille. Pis, s'il ne fait pas attention, il va se noyer.»

Le leader en Chambre du gouvernement, Steven MacKinnon, a une lecture différente de la situation. Alors que la session parlementaire d'automne vient de se conclure, il dresse un bilan positif du travail accompli par les libéraux et critique les partis d'opposition pour leurs tactiques d'obstruction - reproche qu'il adresse tout particulièrement aux conservateurs.

«Je continue de croire que ce Parlement-ci peut fonctionner, mais il incombe aux conservateurs de prendre leur travail un peu plus au sérieux», soutient-il.

Questionné à savoir si une élection se profile étant donné la difficulté des libéraux à se trouver des partenaires de danse, M. MacKinnon répond qu'il «pense que les Canadiens, la dernière chose qu'ils souhaitent, ce sont des élections».

M. Blanchet riposte qu'il revient aux libéraux de trouver les appuis nécessaires pour faire adopter leur agenda législatif et non aux partis d'opposition.

Quand le gouvernement Carney a survécu au vote de confiance de novembre sur le budget 2025, le tout s'est joué sur une poignée de députés néo-démocrates et conservateurs qui ont décidé de s'abstenir. La cheffe des Verts, Elizabeth May, avait décidé de soutenir les libéraux dans ce vote serré puisque M. Carney s'était engagé publiquement à respecter les cibles climatiques du Canada pour 2030 et 2035.

Or, Mme May a, depuis, dit regretter ce vote. Quant au Nouveau Parti démocratique, il est difficile de prévoir comment il votera à l'avenir.

M. Blanchet rappelle que les néo-démocrates choisiront leur prochain chef à la fin mars et que, chez les conservateurs, leur chef Pierre Poilievre se soumettra en janvier à un vote de confiance auprès des membres de la formation politique.

«Si Pierre Poilievre gagne de façon assez forte son vote de confiance et si les néo-démocrates réalisent qu'il n'y a qu'en Colombie-Britannique où ils peuvent faire des gains significatifs et peut-être récupérer le statut de parti reconnu, le gouvernement va être gravement en péril à compter de la fin du mois de mars.»

Une nouvelle élection encore évitable

Alors, comment le Bloc se prépare-t-il à une potentielle élection fédérale? M. Blanchet répond que les priorités que fera valoir sa formation politique dans les prochains mois seront les mêmes qui sont déjà bien connues.

Par exemple, les bloquistes demandent depuis des années une hausse de la pension de vieillesse pour les aînés de 65 à 74 ans équivalente à celle accordée aux 75 ans et plus.

M. Blanchet estime qu'une élection est encore évitable pour les libéraux. Il leur recommande «de faire des propositions claires qui sont bonnes pour le Québec et que le Bloc québécois va soutenir parce qu'elles sont bonnes pour le Québec».

«Ils ont déjà eu de nombreuses occasions et ils ont refusé, déplore-t-il. À ça s'ajoute le fait de piquer dans un point sensible de l'épiderme des Québécois, c'est-à-dire de vouloir désavouer la clause dérogatoire, s'en prendre à la langue française, s'en prendre à la valeur de laïcité, faire mal à la culture québécoise.»

Quant à l'implication qu'aura le Bloc québécois dans la campagne électorale que mènera le Parti québécois à l'automne 2026, M. Blanchet affirme que ses troupes répondront aux demandes de celles de Paul St-Pierre Plamondon, une fois formulées.

Chose certaine, il se réjouit que le Québec s'apprête «peut-être» à vivre son prochain référendum sur la souveraineté. «Je ne me comparerai jamais à un personnage plus grand que nature comme Lucien Bouchard, mais j'ai le travail aujourd'hui que lui avait en 1995.»

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne