Balle de golf ou matériaux de construction: gare aux blessures aux yeux durant l'été


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Les blessures aux yeux arrivent beaucoup plus souvent que l'on pourrait penser. Les ophtalmologistes en voient de toutes les couleurs: hameçon dans l'œil, débris de construction, balles de baseball, de golf ou de tennis, etc. Alors que l'été s'amorce, l'Association des médecins ophtalmologistes du Québec (AMOQ) souhaite sensibiliser la population afin qu'elle redouble de prudence.
Une blessure à l'œil qui est assez fréquente dans les salles d'urgence est due aux projectiles de pistolets à air comprimé, souvent utilisés comme jouets par les enfants et les adolescents. Les ophtalmologistes ont du mal à comprendre que ces gadgets soient encore sur le marché.
Dr Christian El-Hadad, qui est un médecin surspécialisé en oncologie oculaire, oculoplastie et chirurgie reconstructive au CUSM - Site Glen - Clinique d’ophtalmologie pour adultes et à l’Hôpital de Montréal pour enfants, a justement vu un cas tout récemment où un jeune a perdu son œil à cause du projectile en plastique d'un pistolet à air comprimé.
«Ce sont des traumas qui sont assez fréquents et réguliers, se désole Dr El-Hadad. Ce sont des petites balles qui sont aussi sévères quand elles touchent l'œil parce qu'elles causent beaucoup de destruction sur leur passage. Ça peut non seulement endommager l'œil, mais endommager les structures autour de l'œil parce que des fois, ça pénètre et ça traverse l'œil.»
Dr El-Hadad traite quotidiennement des blessures oculaires chez les adultes et les enfants. Il estime qu'il voit environ une fois par semaine des patients avec des blessures aux yeux assez graves pour nécessiter une chirurgie. «En termes de traumas oculaires qu'on n'amène pas au bloc opératoire, je peux vous assurer qu'il y a plusieurs cas par jour», dit-il.
La clinique d'ophtalmologie du CUSM est un centre de soins tertiaires qui couvre une grande partie du territoire, notamment Montréal, Gatineau, la Montérégie et le Grand Nord.
En cas de blessure, surtout ne pas toucher l'œil
Les cas sévères surviennent régulièrement durant l'été, entre autres des plaies avec des objets étrangers. L'hiver, les traumas sont différents, plus souvent causés par des chutes. Lorsque les gens tombent sur la neige ou la glace, ils peuvent endommager leur paupière et fracturer leur orbite.
La saison estivale est aussi l'occasion pour plusieurs Québécois de faire des rénovations. Dr El-Hadad conseille à la population de toujours porter des lunettes de sécurité et il adresse son message en particulier aux travailleurs de la construction qui portent leurs lunettes de sécurité au travail, mais souvent omettent de les porter à la maison ou quand ils vont aider un proche.
Si une personne est blessée à l'œil, il ne faut pas le toucher ou le frotter. «On a toujours tendance à se protéger les yeux après un trauma, en se frottant les yeux ou en les touchant. C'est la pire chose qu'on peut faire parce que s'il y a une lacération du globe oculaire, en mettant de la pression de l'extérieur, ça augmente la pression dans l'œil et ça fait sortir le contenu», prévient Dr El-Hadad.
Si on a été blessé par un objet contondant, c'est-à-dire un objet qui blesse par impact ou pression sans couper, on doit attendre de voir ce qui se passe. L'impact d'une balle par exemple peut faire perdre la vue pendant quelques secondes seulement.
Si la vision reste trouble, voire absente, et dans les cas de blessures pénétrantes, la personne doit immédiatement se diriger à l'urgence par ambulance ou avec quelqu'un qui peut conduire. Dr El-Hadad avertit qu'il ne faut surtout pas se déplacer soi-même, car l'objet pénétrant pourrait bouger dans le transport.
De plus, une personne qui perd la vue subitement ne sera pas habituée à naviguer avec un seul œil. Ses repères ne seront pas les mêmes tout comme sa perception en trois dimensions. Des gens ont déjà eu des accidents de voiture en voulant conduire après une blessure à l'œil, indique Dr El-Hadad.
Une fois que le patient est pris en charge, la majorité du temps les médecins sont capables d'éviter les dommages. «En termes de chirurgie, ce qu'on va aller faire comme ophtalmologiste, on va aller corriger la structure anatomique de l'œil pour lui donner la meilleure chance de guérir. Il faut se rappeler que l'œil, c'est un tissu neurologique, donc ça prend beaucoup de temps à guérir», explique Dr El-Hadad.
Une personne qui a subi un trauma et qui est quand même capable de voir immédiatement après le choc aura un excellent pronostic, fait savoir le spécialiste. Quelqu'un qui a perdu beaucoup de vue à la suite du trauma aura un pronostic en général plus réservé, mais il y a quand même des chances de guérison.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne