Avec sa victoire à l'élection partielle, Poilievre sera de retour aux Communes

OTTAWA — Après un été de rodéos et de porte-à-porte, Pierre Poilievre sera officiellement de retour à Ottawa en tant que député conservateur de l'Alberta.

Le chef conservateur représentera la vaste circonscription rurale de Battle River—Crowfoot, dans l'est de la province, après avoir remporté une élection partielle lundi.

Cet été, M. Poilievre a passé des semaines à rencontrer ses électeurs, à assister à des événements et à visiter des commerces locaux dans sa nouvelle circonscription.

C'était exactement le genre de campagne sur le terrain qu'il avait menée en 2004, lorsqu'il est devenu député pour la première fois dans la circonscription ontarienne de Carleton.

Et c'est exactement le genre de campagne locale qu'il n'a pas pu mener à Carleton au printemps, lorsque le chef a sillonné le pays pendant 36 jours avant de tenir un dernier rassemblement dans sa circonscription, la veille des élections du 28 avril.

M. Poilievre a perdu face au député libéral Bruce Fanjoy, qui avait passé plus de deux ans à faire campagne contre lui dans la circonscription de la région d'Ottawa.

Le retour de Pierre Poilievre à la Chambre des communes, dans l'un des sièges conservateurs les plus sûrs du pays, était pratiquement garanti, selon les observateurs.

Mardi matin, il a republié sur les réseaux sociaux une courte déclaration de son épouse, Anaida Poilievre, intitulée «Nous sommes de retour».

«La politique est faite de hauts et de bas. Les gens en font parce qu'ils croient en quelque chose», est-il écrit dans la déclaration.

Mais elle a aussi souligné les côtés sombres.

«Les amitiés vont et viennent, comme si elles étaient dictées par les sondages. Tout comme la météo, les gens vont et viennent. Alors, n'oubliez pas, la famille, c'est fondamental», a déclaré Anaida Poilievre.

Le chef conservateur devra rester proche de ses amis cet automne, car il doit se soumettre à une évaluation obligatoire de son leadership.

Un nouveau gouvernement en place

À la reprise des travaux du Parlement le 15 septembre, M. Poilievre affrontera le premier ministre Mark Carney à la Chambre des communes pour la première fois.

M. Carney a félicité M. Poilievre dans une publication sur les réseaux sociaux mardi matin.

«Félicitations à Pierre Poilievre pour son retour à la Chambre des communes et le privilège qu'il s'est vu accorder de représenter les gens de Battle River—Crowfoot au Parlement», a-t-il écrit.

Pierre Poilievre reprend un rôle qu'il a assuré avec brio lorsqu'il siégeait en face de Justin Trudeau.

«Nous sommes maintenant sous un nouveau gouvernement. Il va devoir démontrer qu'il sait vraiment les talonner», a déclaré Amanda Galbraith, stratège conservatrice et associée chez Oyster Group.

Pierre Poilievre a déjà révélé certaines de ses priorités. Lors d'une conférence de presse le 7 août, il a annoncé qu'il présenterait à la Chambre des communes un projet de loi intitulé «Loi sur la souveraineté canadienne».

Il a également déclaré que les conservateurs demandaient à M. Carney de commencer la construction d'au moins deux projets de pipeline, d'un nouveau projet de liquéfaction de gaz naturel et d'une route menant au «Cercle de feu» en Ontario d'ici le 14 mars.

Alors que de nombreux fidèles conservateurs attendent avec impatience le retour des piques partisanes de M. Poilievre au Parlement, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, l'a exhorté à trouver des moyens de coopérer avec le gouvernement fédéral alors que le pays subit les contrecoups économiques des droits de douane américains.

«Mettons nos allégeances politiques de côté et commençons à travailler ensemble», a-t-il affirmé aux journalistes lundi.

Un autre chapitre commence

Avec M. Poilievre à nouveau à la tête du parti au Parlement, Andrew Scheer reprendra ses fonctions de leader de l'opposition à la Chambre. Des changements seront également apportés à la première banquette du parti.

Le chef conservateur s'est engagé au printemps à remanier cet automne son «cabinet fantôme», un groupe de 74 députés nommés à des postes de critique ou de direction à la Chambre des communes.

«Nous avons vu quels ministres sont performants, lesquels ne le sont pas, et où se situent les faiblesses de ce gouvernement. Ils vont donc se réorganiser», a souligné Mme Galbraith.

L'ancienne directrice de campagne de M. Poilievre, Jenni Byrne, a déclaré lors d'une récente entrevue pour un balado que la session d'automne de la Chambre marquera le début d'un véritable chapitre pour le parti.

Mme Byrne, qui a dit lors de l'entrevue qu'elle était toujours impliquée en tant que conseillère de M. Poilievre et qu'elle répondait quotidiennement à ses appels, a également affirmé que les conservateurs se concentreraient sur des questions comme l'immigration et la criminalité.

Le coût de la vie restera probablement une priorité absolue pour l'opposition, d'autant plus que le commerce et les droits de douane américains retiennent l'attention du gouvernement.

Ginny Roth, associée chez Crestview Strategy et commentatrice conservatrice, croit que M. Poilievre a réussi, en tant que chef de l'opposition, à mettre en évidence les domaines «où les Canadiens éprouvent des difficultés et où le gouvernement échoue».

Une évaluation du leadership à venir

Le Parti conservateur tiendra un congrès national à Calgary fin janvier. La constitution du parti édicte que tout chef qui vient de perdre une élection devra subir un vote sur son avenir.

La campagne électorale partielle menée tout l'été a empêché M. Poilievre de parcourir le pays.

Les rassemblements qui marquaient son leadership depuis 2022 ont été abandonnés au profit du porte-à-porte. Et si cela lui a probablement permis d'avoir un bon aperçu de l'état d'esprit des électeurs conservateurs pendant la lune de miel postélectorale du gouvernement Carney, cela signifie également qu'il n'a pas été sous les projecteurs nationaux.

«Bien que cela puisse être frustrant au sortir de cette élection intense, je pense que c'était la bonne approche. Faire profil bas, revenir à l'essentiel», a avancé Mme Roth.

Le caucus conservateur a fermement soutenu Pierre Poilievre, et on s'attend à ce qu'il réussisse son examen du leadership, étant donné que personne ne l'a publiquement contesté jusqu'à présent.

«Il y a de quoi être enthousiaste et je pense que les membres conservateurs le reconnaîtront lors de l'examen du leadership», a indiqué Mme Roth.

Mais Amanda Galbraith a noté que les choses peuvent évoluer rapidement et que M. Poilievre ne peut pas tenir ce test pour acquis.

«Par exemple, il allait être premier ministre jusqu'à ce qu'il ne le soit pas, n'est-ce pas?», a-t-elle déclaré.

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne